par Michael Lehmann
Esmée Böbner et Zoé Vergé-Dépré sont sur le pont depuis février – et leur saison n'est pas encore terminée. En pleine progression, le duo est prêt à saisir une chance olympique inattendue.
Le sol est recouvert de feuilles mouillées et le vent fait monter les larmes aux yeux lorsqu'Esmée Böbner et Zoé Vergé-Dépré arrivent au Beach-Center de Berne en cette matinée d'octobre. C'est là que la Lucernoise de bientôt 24 ans et la Bernoise de 25 ans s'entraînent, à l'abri, pendant la saison d'hiver.
«Normalement, la saison hivernale est placée sous le signe de la récupération, puis du développement physique», explique Esmée Böbner à Keystone-ATS. Pour l'instant, cela doit encore attendre, car sur le ProTour, qui a débuté le 1er février, les compétitions se déroulent jusqu'en décembre.
Une longue saison a des avantages et des inconvénients, poursuit-elle: «D'une part, tu peux décider toi-même comment et quand tu mets l'accent sur certaines choses, d'autre part c'est très exigeant physiquement et mentalement de voyager de tournoi en tournoi et de toujours garder la forme.»
Notamment parce que les compétitions ont lieu dans le monde entier. Et cette année, un duo ne pouvait et ne peut guère se permettre de faire de longues pauses. Depuis le début de la saison, les équipes collectionnent en effet les points qui doivent leur assurer une des places convoitées pour Paris 2024.
Au 2e rang
24 équipes par sexe, et deux au maximum par pays, participeront l'année prochaine aux Jeux de Paris. Il a longtemps semblé clair que les places suisses chez les femmes seraient obtenues par les paires expérimentées Tanja Hüberli/Nina Brunner et Anouk Vergé-Dépré/Joana Mäder. Le classement olympique montre cependant que Böbner/Vergé-Dépré se trouvent actuellement en deuxième position au niveau suisse derrière les championnes d'Europe Hüberli/Brunner.
Le jeune duo ne veut toutefois pas accorder trop d'importance à cela: «Il est trop tôt pour s'occuper du classement», dit Zoé Vergé-Dépré, «tout peut changer rapidement». Il est plus important de fournir ses prestations de manière constante lors des tournois, «et nous verrons à la fin (réd: le 10 juin) où nous nous situons.»
Toutefois, Böbner/Vergé-Dépré sont elles aussi un peu surprises par leurs excellents résultats. «Pendant longtemps, nous n'avons pas vraiment eu confiance en nos progrès», concède Esmée Böbner. «Je me suis souvent demandée: est-ce une meilleure phase ou est-ce que nous l'avons vraiment en nous maintenant?»
Les récents championnats du monde au Mexique ont agi comme un déclic. Le duo a atteint les huitièmes de finale, y subissant la loi des têtes de séries no 4 canadiennes. A titre de comparaison, Vergé-Dépré/Mäder se sont arrêtées en seizièmes de finale.
La hiérarchie des sœurs vacille
«Ce n'était qu'un voeu pieux en début d'année, mais nous osons maintenant le dire haut et fort: nous voulons aller à Paris», constate Zoé Vergé-Dépré. Pour elle, la course aux places olympiques est singulière, car elle se trouve en concurrence avec sa sœur Anouk, de six ans son aînée.
«Pendant longtemps, la hiérarchie était claire, et tout à coup, nous jouons à égalité, nous devons encore nous y habituer toutes les deux.» Mais la bonne relation existant entre elles n'en a pas souffert: «Ce n'est pas un duel direct entre nous», tient à souligner Zoé Vergé-Dépré. «En ce moment, toutes les équipes essaient de récolter le plus de points possible», et elles ne peuvent influencer que leurs propres performances.
La prochaine opportunité se présente déjà: les deux équipes se sont récemment envolées pour la Chine, et elles se rendront probablement ensuite en Thaïlande. Mais après cela, du moins pour Böbner/Vergé-Dépré, ce devrait être la fin de l'année.
«Cette saison, nous avons constaté l'importance d'une bonne préparation en hiver», explique Zoé Vergé-Dépré. «Comme nous voulons être encore meilleures l'année prochaine, nous misons à nouveau sur une phase de construction précise» afin d'aborder dans les meilleures conditions la dernière ligne droite menant à Paris.