A 37 ans bien tassés, Mark Cavendish a toujours soif de victoires et le regard déjà braqué sur son ultime grand défi, le record de succès d'étapes sur le Tour de France cet été.
Au lendemain de la course apéritif du Muscat Challenge, le sprinter britannique fera ses débuts samedi au Tour d'Oman où, course de rentrée ou pas, il visera comme d'habitude la gagne et rien d'autre. «L'objectif, c'est de gagner, pas une course en particulier, juste de gagner», explique l'homme aux 161 victoires, dans une interview au Times.
Le coureur de l'île de Man a toujours été insatiable sur un vélo, mais revient tout juste de quelques mois particulièrement agités. En fin de contrat avec Quick-Step, il a d'abord suivi avec une certaine angoisse le dénouement du feuilleton de la formation B&B Hotels, avec laquelle il s'était engagé avant qu'elle ne disparaisse corps et biens, faute de parraineur.
Après quelques semaines de confusion, il a fini par atterrir chez Astana, où son ancien coéquipier Alexandre Vinokourov, devenu manager de l'équipe kazakhe, lui a tendu la main pour une saison.
Couteau sous la gorge
Cet hiver, Mark Cavendish a également dû évacuer une expérience personnelle traumatisante. Mardi dernier, deux hommes ont été condamnés à respectivement 12 et 15 ans de prison pour avoir braqué son domicile en 2021, rouant le «Cav» de coups et le menaçant d'un couteau sous la gorge, devant ses enfants.
Son épouse Peta, enceinte au moment des faits, a expliqué devant le tribunal que cet épisode ultra-violent avait «transformé un foyer chaleureux en un rappel constant de peur et de menaces». Pour Mark Cavendish, ces soubresauts ont été à l'image de sa carrière, une succession de hauts et de bas, qui doit faire l'objet prochainement d'un documentaire sur Netflix.
En dix-sept d'activité, le Britannique aura connu les affres d'une dépression, l'offensive du virus d'Epstein-Barr et la gloire d'une médaille d'argent olympique en 2016, d'un titre mondial à Copenhague en 2011 et, évidemment, de 34 victoires d'étapes sur le Tour de France.
Cet été, à moins qu'un nouveau rebondissement ne vienne raturer ses plans, «The man of Man» va relever l'immense défi de battre le record de succès sur la Grande Boucle, qu'il co-détient actuellement avec le plus grand coureur de tous les temps, le Belge Eddy Merckx.
«J'ai construit ma carrière autour du Tour de France et me voilà à un point où je peux avoir le record à moi tout seul. Les gens ne pensent qu'à une nouvelle victoire sur le Tour. Moi, ce n'est pas une victoire que je vise, mais deux, trois ou plus», insiste le Britannique, qui avait fait sensation en 2021 lorsqu'il avait remporté quatre succès et le maillot vert.
«Je me sens respecté»
Sous pression dans ces équipes précédentes, il apprécie de trouver une atmosphère bienveillante chez Astana auprès de Vinokourov, ravi d'accueillir le «meilleur sprinter de tous les temps».
Cavendish y aura un train à sa mesure avec notamment le sprinteur néerlandais Cees Bol. Surtout, ce grand affectif se sent considéré à sa juste valeur dans l'équipe kazakhe, mêlée dans le passé à des affaires de dopage à l'image de son patron, testé positif pour transfusion sanguine lors du Tour 2007.
«C'est la première fois que je peux me fixer un objectif et le préparer plutôt que de devoir faire mes preuves juste pour avoir le droit d'y prétendre», insiste-t-il.
Après le fiasco de B&B Hotels, Vinokourov l'a appelé. «On a parlé de succès mais aussi de ce qui se passerait si cela se passe moins bien. Il m'a juste dit: peu importe, si on ne gagne pas, on ne gagne pas, mais on va essayer. Ca faisait très longtemps que quelqu'un ne m'avait pas parlé comme ça.»
«Ici, je me sens respecté pour ce que j'ai accompli, ce qu'il me reste à accomplir et tout simplement en tant que personne», conclut Cavendish à l'aube de son dernier grand combat.