«C’est une journée qui restera dans l’histoire de la Corsa Rosa !» Ce sont les mots du commentateur de la chaîne italienne «Rai Sport» à l’aube de cette 13e étape. Pour rappel, en raison des conditions météorologiques sur la partie italienne du parcours, les organisateurs ont décidé de raccourcir une course qui s’est finalement transformée en belle bataille entre trois prétendants à la victoire. Thibaut Pinot, coureur malheureux, et Steve Morabito, organisateur heureux, reviennent sur cette étape 100% valaisanne.
Coureur de la Groupama-FDJ - 2e de l’étape
Thibaut Pinot
Qu’est-ce qui a manqué aujourd’hui ?
«Ça se joue dans les derniers kilomètres, ça se joue au sprint. Je ne voulais pas avoir de regrets aujourd’hui. C’était une courte étape, mais très dure. Ce sont des étapes que j’aime où il n’y a pas de calcul, c’est à fond du départ à l’arrivée. Il fallait que je force un peu mon destin aujourd’hui.»
Vous étiez devant du début à la fin et vous vous faites dépasser dans les derniers mètres. C’est un coup dur ?
«C’est un coup dur, nous voulons tous la victoire. Après, pour certain, elle est plus ou moins méritée. J’ai fait deuxième, je passe la ligne et j’ai tout donné. Là-dessus, je n’ai aucun regret à avoir.»
Vous récupérez le maillot de la montagne, c’est une satisfaction ?
«C’est une belle satisfaction, mais c’est une récompense que vous avez seulement à Rome. Je le porte pour l’instant, mais il y a encore beaucoup de points à prendre.»
Comment s’est passée cette journée un peu compliquée avec pas mal de changements ?
«Ce sont des journées de «merde», j’avais la rage dans le bus. Je n'avais qu’une envie, c’était de lâcher les chevaux et c’est pour cela que dès le départ, j’ai dit «let’s go!». J’en pouvais plus, il fallait que ça sorte !»
Directeur des étapes valaisannes du Giro
Steve Morabito
Comment s’est passée cette journée d’un point de vue organisationnel ?
«Au niveau de l’organisation, il a fallu être très agile afin d’inviter toute cette caravane en Valais et avoir du terrain sec. Le spectacle a été livré, nous avons eu une étape 100% valaisanne, c’est peut-être ce que je vais garder de cette journée. Nous avons tous appris beaucoup, dans la planification, dans les plans A, les plans B, savoir dans qui nous pouvons avoir confiance. Je suis très fier du groupe que j’ai eu autour de moi, du comité, de la structure que nous avons mise en place pour pouvoir être capable de planifier, livrer et réagir sur une étape comme cela.»
Aujourd’hui, pas mal de changements, comment avez-vous géré cela ?
«Nous avons beaucoup subi. C’est clair que nous étions là à vouloir gérer, à vouloir prendre les informations. Depuis ce matin, nous attendions les nouvelles sur ce qui allait se passer afin d’être prêts à assurer la priorité, c'est-à-dire la sécurité. Après, les infrastructures, d’une minute à l’autre, quelqu’un vous appelle en vous disant qu’il faut faire un nouveau départ tout en se rappelant que ça fait 6 mois que nous en préparons un à Sierre et tout le travail que cela implique. Nous en avons fait un en quelques minutes et ça, c'est quand même assez remarquable.»
Une étape plus courte, mais est-ce que c’était une belle bataille au final ?
«Je n'ai pas pu beaucoup la voir, mais en tout cas, je me rappelais en tant que coureur que les étapes les plus courtes étaient les plus spectaculaires. Quand j’ai vu qu’après deux kilomètres, ils étaient tous en file en train de péter, je me suis dit «c’est bon, les coureurs ont demandé quelque chose, ils ont obtenu d’avoir un autre départ et ils font la course.» C’était donc intéressant sur le final de voir qu’il y avait deux courses : la course à la victoire et celle au maillot.»
Un final à trois avec une attaque de Rubio, c’était une scénario assez incroyable.
«Oui et j’ai tremblé. J’ai mon copain Thibaut qui est là dans la montée et j’avais très envie qu’il gagne. Jusqu’à la fin, j'espérais lui sauter dans les bras pour sa victoire. Il a échangé son maillot bleu Groupama-FDJ contre celui de la montagne, c’est déjà un lot de consolation. Mais, j’espérais vraiment que ça soit lui qui s’impose parce que nous avons normalement cette tradition ensemble, qu'en Suisse, il marche.»