Dans six mois, déjà de nouveaux JO: ceux de Tokyo à peine terminés, les JO d'hiver de Pékin pointent à l'horizon (4-20 février 2022). Si les sites sont prêts, nombre d'incertitudes planent sur son organisation en pleine pandémie.
Déjà hôte des JO 2008, la capitale chinoise deviendra la première ville à accueillir des Jeux olympiques d'hiver et d'été.
Les épreuves auront lieu dans trois zones différentes: le centre-ville de Pékin accueillera les sports en intérieur (patinage artistique, patinage de vitesse, short-track, hockey sur glace, curling), le Big Air et la cérémonie d'ouverture. La plupart de ces installations olympiques sont celles de 2008, adaptées aux sports d'hiver.
Ski alpin, bobsleigh et luge se disputeront en périphérie montagneuse de la capitale. Enfin, le site de Zhangjiakou, dans la province voisine du Hebei, accueillera les autres épreuves (ski de fond, saut à skis, biathlon, snowboard, ski freestyle).
La construction de l'ensemble des sites de compétition est terminée depuis plusieurs mois, mais reste une grain de sable dans cette organisation bien huilée: le Covid.
La Chine a largement maîtrisé la pandémie dès le printemps 2020, même si elle enregistre ces derniers jours des dizaines de cas quotidiens, un chiffre inhabituellement élevé.
Comment donc gérer le casse-tête de l'arrivée de milliers de sportifs, entraîneurs et journalistes, potentiellement vecteurs du Covid? Le comité d'organisation est muet pour l'instant.
«La stratégie de Tokyo a été plutôt efficace et Pékin devrait mettre en place quelque chose de similaire», prévoit Bo Li, professeur de gestion du sport à l'Université de Miami.
Quarantaine ?
A Tokyo, les sportifs ont été cantonnés dans le Village olympique et ont dû passer un test Covid quotidien. «Il n'y a pas vraiment d'autre option que cette bulle», abonde Mark Dreyer, analyste sportif basé à Pékin et fondateur du site China Sports Insider.
«La différence, c'est que la Chine s'inquiète du moindre risque de transmission du virus des sportifs vers la population. Elle gère le Covid avec un niveau de sévérité que le Japon n'avait pas.»
Confinements, dépistages massifs, applications mobiles de suivi des déplacements: l'objectif des autorités depuis l'apparition du coronavirus dans le pays fin 2019 est le «zéro infection».
«Je pense qu'on peut s'attendre à une approche draconienne et une tolérance zéro de la part des organisateurs chinois», prédit Simon Chadwick, professeur spécialiste du sport en Asie à l'école de commerce EM Lyon.
Discussions difficiles en vue
Selon lui, les discussions entre un Pékin intraitable sur les mesures anti-Covid et un CIO soucieux du confort des sportifs seront «bien plus difficiles» que pour Tokyo.
Une interrogation demeure: quid de la quarantaine obligatoire de deux, voire trois semaines à l'hôtel que la Chine impose aux personnes venues de l'étranger. Sera-t-elle imposée aussi aux délégations olympiques ?
«Ce n'est pas réaliste. Qui paierait ? Le comité d'organisation ? Le CIO ? Et la préparation des athlètes serait grandement affectée. C'est inacceptable pour la plupart d'entre eux», avertit Bo Li.
Autre question: verra-t-on des gradins désespérément vides comme à Tokyo ? «Les spectateurs venus de l'étranger ne seront probablement pas autorisés. Mais qu'en sera-t-il des spectateurs locaux ?», s'interroge Mark Dreyer, selon qui la relative maîtrise du Covid en Chine pourrait permettre leur présence.
«Se faire aimer»
En avril, l'entreprise pharmaceutique chinoise Sinovac avait offert 50'000 doses de son vaccin à la confédération sud-américaine de football (Conmebol) pour pouvoir vacciner l'ensemble du monde professionnel en Amérique du sud, notamment avant la Copa America.
La Chine pourrait proposer une opération similaire avant le rendez-vous de Pékin. «Durant les Jeux, elle voudra montrer sa puissance et sa force retrouvées. Mais elle voudra aussi se faire aimer du reste du monde», note Simon Chadwick. «Elle va donc devoir être très prudente sur ses mesures anti-Covid pour ne pas froisser l'image de séduction qu'elle veut renvoyer.»
Une image qui pourrait également être perturbée par les appels au boycott lancés par plusieurs associations de défense des droits de l'Homme, au nom notamment de la défense des Ouïghours du Xinjiang.
Dans cette région meurtrie par des attentats attribués à des séparatistes islamistes, les autorités sont accusées d'avoir interné un million de musulmans dans des «camps», ce que Pékin dément, parlant de «centres de formation».