«99% des nageurs le soutiennent», «tout le monde l'a applaudi»: au lendemain de son refus de partager le podium avec Sun Yang, pour manifester sa défiance quant à la présence du Chinois aux Mondiaux, Mack Horton bénéficiait d'un très large soutien lundi à Gwangju.
Dimanche soir, Mack Horton avait refusé de monter sur le podium du 400 m pour recevoir sa médaille d'argent, puis s'était tenu à l'écart sur les photos-souvenirs. Sa façon d'exprimer ostensiblement sa position – déjà connue – vis-à-vis de Sun, au coeur d'un contrôle antidopage au cours duquel il lui est reproché d'avoir détruit à coup de marteau un échantillon de sang en septembre dernier, mais pourtant sacré pour la quatrième fois d'affilée sur la distance et désormais dix fois champion du monde.
Non sanctionné par la Fédération internationale (FINA) pour vice de forme, Sun (27 ans) doit être entendu par le Tribunal arbitral du sport (TAS) en septembre, l'Agence mondiale antidopage (AMA) ayant fait appel. Déjà suspendu trois mois pour dopage en 2014, il risque la suspension à vie qui s'applique en cas de récidive. En attendant, rien ne l'empêche de participer aux Mondiaux 2019.
«C'était vraiment couillu», salue la championne américaine Lilly King, qui n'hésite pas à monter en première ligne quand il est question de dopage. «Quand Mack est arrivé au restaurant des athlètes (réd: après le podium dimanche), tout le monde s'est mis à applaudir, ça faisait vraiment du bien de voir les athlètes unis derrière lui», raconte la brasseuse double championne olympique et quadruple championne du monde.
«Culotté»
«Les athlètes doivent se battre pour eux-mêmes, ce n'est pas la FINA qui va le faire, c'est un bon début», estime encore Lilly King, qui avait qualifié vendredi de «vraiment louche et assez dingue» la présence de Sun dans le bassin coréen.
Mack Horton peut aussi compter sur le soutien de la délégation australienne. «Je suis super fier de Mack. Toute l'équipe australienne le soutient à 100%. Et je pense que 99% des nageurs le soutiennent, il n'est pas tout seul», affirme son coéquipier Mitch Larkin. «Ce qu'il a fait était courageux et culotté, j'ai beaucoup de respect pour lui», insiste-t-il.
«C'est pour faire comprendre (à Sun) que c'était un incident bizarre et que tant qu'il n'est pas éclairci, on ne lui fait pas vraiment confiance», résume le champion olympique américain Matt Grevers, qui n'a «pas eu l'impression que ça a vraiment blessé» le Chinois.
La FINA n'apprécie pas
La FINA, elle, n'a pas apprécié l'initiative de Horton et lui a «adressé une lettre d'avertissement». «La liberté d'expression doit être exercée dans le bon contexte» et «les athlètes savent qu'ils ne doivent pas utiliser les compétitions de la FINA pour afficher des opinions personnelles», écrit-elle dans un communiqué.
A Rio en 2016, quand il avait privé Sun du titre olympique sur 400 m, Mack Horton avait déjà été on ne peut plus clair : «Je n'ai pas de respect pour les dopés», avait-il asséné. «Tout le monde ne m'aime pas, ça m'est égal», a répondu Sun dimanche. Le lendemain, il s'est qualifié pour la finale du 200 m. Et a pu se satisfaire d'occuper toute la Une du quotidien officiel de la compétition.