JO d’hiver 2030 Coup de froid sur la candidature de Sapporo

AFP

12.9.2022

Sapporo fait figure de favorite pour l'organisation des Jeux d'hiver de 2030, mais sa candidature, déjà critiquée par une partie de l'opinion publique nippone, pourrait être plombée par des soupçons de corruption liés aux Jeux olympiques de Tokyo.

Qui organisera les Jeux olympiques d'hiver de 2030 ?
Qui organisera les Jeux olympiques d'hiver de 2030 ?
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En août, Haruyuki Takahashi, ancien membre du comité d'organisation des JO de Tokyo, a été arrêté. Et de nouvelles accusations de corruption ont été portées contre lui la semaine dernière dans le cadre d'une enquête toujours en cours. Ce scandale tombe mal pour Sapporo, qui a déjà organisé les JO d'hiver en 1972, et qui est en concurrence avec Vancouver (Canada) et Salt Lake City (Etats-Unis).

Le président du comité olympique japonais Yasuhiro Yamashita a annulé sa visite prévue à Lausanne mi-septembre pour évoquer cette candidature avec le Comité olympique international (CIO), avançant un problème de calendrier.

Le maire de Sapporo Katsuhiro Akimoto, qui devait également être du voyage, a déclaré que cette annulation n'avait «rien à voir avec l'affaire de corruption autour des Jeux olympiques de Tokyo». Mais cette annulation a fait la une des principaux journaux du Japon, tandis que les enquêteurs continuent de mener des perquisitions.

Opposition relancée

L'opposition aux Jeux, déjà forte au Japon en pleine pandémie de Covid-19, a été relancée par ces scandales de corruption qui impliquent de grandes figures du monde des affaires et de la politique.

Le quotidien Asahi Shimbun a appelé dans un éditorial Sapporo à «mettre sur pause» sa candidature tant que les enquêtes sur la corruption ne sont pas résolues. Le même journal avait appelé à annuler les Jeux de Tokyo l'an dernier, deux mois avant leur coup d'envoi.

Les experts veulent cependant que ces révélations n'auront pas d'impact durable sur le statut de favorite de Sapporo. Les villes se montrant de plus en plus frileuses à dépenser des fortunes pour accueillir les Jeux, le CIO ne peut pas se montrer très regardant dans son choix d'un hôte pour 2030.

«Très bonne» candidature

«Si Sapporo se présente, leur candidature est très bonne d'un point de vue technique», a estimé Michael Payne, directeur du marketing au CIO entre 1989 et 2004, qui a joué un rôle majeur dans la transformation financière des Jeux grâce au partenariat avec des sponsors. «Je pense que c'est avant tout un problème politique local», a-t-il ajouté.

Pour Andrew Zimbalist, expert en économie du sport, le scandale «continuera d'être un problème au Japon», mais «disparaîtra dans la mémoire internationale». D'après lui, les responsables japonais vont «simplement reconnaître auprès du CIO qu'ils ont eu des acteurs néfastes impliqués et qu'ils vont faire le ménage».

Zimbalist estime encore que les changements dans le processus de qualification vont aider Sapporo à être moins dans la lumière que ne l'a été Tokyo. En effet, auparavant, les villes devaient dépenser des fortunes pour présenter leur candidature et rivaliser entre elles, avant qu'un vainqueur ne soit élu.

A présent, le processus se déroule loin du regard public et il y a une flexibilité aussi bien sur le nombre de candidats que sur la date de choix d'une ville hôte. La seule date limite est celle de la confirmation, qui doit avoir lieu en septembre/octobre 2023 lors de la session du CIO à Bombay (Inde).

«Le CIO ne veut pas se retrouver dans une situation où un pays qui accueille les Jeux n'a pas un gouvernement stable, une économie solide et une météo fiable», explique Zimbalist. «Sapporo a tellement d'atouts qu'ils vont peser plus que le souvenir lointain de ce scandale».