Quintuple médaillée aux Mondiaux d'Anvers, Simone Biles a réalisé un retour triomphal au sommet après deux ans d'absence. L'Américaine évolue désormais libérée de la pression du résultat : «La gymnastique est quelque chose que je fais, ce n'est pas ce que je suis», dit-elle.
Débarrassée de ses «twisties», ces pertes brutales et imprévisibles de tout repère dans l'espace, la championne âgée de 26 ans a donné l'impression de reprendre le fil de sa carrière, comme si de rien n'était. Dans la débauche de paillettes dispersées aux quatre coins du «Sportpaleis», là même où elle avait disputé ses premiers Mondiaux il y a dix ans, Simone Biles s'est montrée étincelante.
Grâce à quatre nouvelles médailles d'or et une en argent, elle a encore enrichi sa collection, qui s'élève désormais à 30 unités dont 23 du métal doré. Mais, à l'écouter, la quadruple championne olympique n'était pas venue en Flandre pour les podiums.
«Je n'étais pas stressée à propos du nombre de médailles ou de leurs couleurs», a-t-elle assuré. «Sur cette compétition, je me suis même dit: tant que je suis là, que je fais de nouveau mes routines, c'est une victoire à mes yeux.»
«Ce qui m'importe, c'est juste d'être de nouveau là, de retrouver la confiance dans la compétition, de ramener des bonnes notes pour l'équipe, et on verra bien.»
«Biles II»
La Texane au petit gabarit (1,42 m) s'est surtout réjouie de la confiance retrouvée après des JO de Tokyo éprouvants il y a deux ans. Arrivée au Japon en tant que grande favorite, Biles avait craqué en pleine lumière, se retirant de la plupart des épreuves. Elle avait expliqué lutter contre des «twisties», et ses déboires avaient contribué à mettre en avant le sujet de la santé mentale des sportifs, grandement tabou.
A Anvers, elle a volontiers évoqué ses séances de thérapie, ses exercices de respiration ou de visualisation qui l'ont aidée à aborder la compétition. Elle a également raconté comment elle avait profité de sa coupure pour redevenir une personne «normale», loin des tables de juges et des zones mixtes.
«La gymnastique est quelque chose que je fais, ce n'est pas ce que je suis en tant que personne... il m'a fallu des années pour m'en rendre compte». Pour son grand retour, en Belgique, Biles a ainsi illuminé le plateau de compétition, dès son entrée en scène en qualifications, devenant la première à réussir un Yurchenko double carpé, un saut d'une extrême difficulté désormais connu dans le code de notation comme le «Biles II».
Et tant pis si elle n'a pas réussi à le reproduire parfaitement en finale du concours du saut. Mettant sans doute trop d'enthousiasme dans sa prise d'élan, l'Américaine a chuté en arrière à la réception et dû se contenter de l'argent.
«Mieux vaut en mettre trop que pas assez», a-t-elle relativisé. «C'était sympa de pouvoir faire ces sauts deux fois au niveau international. J'avais un peu plus de puissance (en finale) mais je ne suis pas contrariée du tout. Tout le monde avait l'air embêté, mais moi je m'en fichais.»
«Vivre dans le moment présent»
«De jour en jour, elle s'est améliorée sur sa confiance en elle», s'est félicitée son entraîneure, la Française Cécile Landi, qui partage le détachement de son élève vis-à-vis des résultats. Ses sixièmes Mondiaux derrière elle, Simone Biles peut tourner son regard vers JO 2024 de Paris.
Mais, fidèle à sa nouvelle philosophie, elle n'a pas souhaité voir trop loin. «Je ne peux pas répondre aux questions concernant l'avenir, je vais juste vivre dans le moment présent».
Interrogée en fin de compétition, Cécile Landi en a dit un peu plus: «Elle ne veut pas en parler, car elle ne veut pas se mettre la pression, je comprends totalement. Je sais que pour nous, en tant qu'entraîneur, c'est forcément l'objectif, on va la préparer pour ça, si elle en a envie.»