Sport français «Défaillances» et «omerta à tous les étages» dans les fédérations

AFP

22.1.2024 - 15:36

«Entre-soi» et «omerta à tous les étages»: la commission d'enquête parlementaire sur les fédérations sportives fustige dans un rapport les «défaillances systémiques» du sport français en matière d'éthique, de gouvernance et de lutte contre les violences sexuelles.

Le rapport rédigé par la députée écologiste Sabrina Sebaihi brosse un portrait au vitriol du fonctionnement des fédérations.
Le rapport rédigé par la députée écologiste Sabrina Sebaihi brosse un portrait au vitriol du fonctionnement des fédérations.
IMAGO/ABACAPRESS

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A six mois des Jeux olympiques de Paris, ce rapport rédigé par la députée écologiste Sabrina Sebaihi brosse un portrait au vitriol du fonctionnement des fédérations. Le parquet de Paris a déjà ouvert plusieurs enquêtes à la suite de signalements de la commission sur d'éventuels «faux témoignages» de dirigeants sportifs devant les parlementaires.

Consulté par l'AFP avant sa publication mardi, le rapport de 250 pages considère «très élevées voire anormales» les rémunérations de certains d'entre eux, visant notamment les 400'000 euros brut annuel et 100'000 euros de prime d'objectif de l'ex-directrice générale de la Fédération française de tennis Amélie Oudéa-Castéra de 2021 à 2022, désormais ministre de l'Education nationale et des Sports.

«En février 2022, l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche avait appelé à reconsidérer le niveau de rémunération des dix principaux cadres de la Fédération française de tennis et pointé l'absence de procédures de recrutement pour ses principaux cadres», souligne la députée.

«Culture du secret»

Sabrina Sebaihi juge le milieu sportif gangréné par la «culture du secret, du mensonge et du faux témoignage» et «pas suffisamment habitué à rendre des comptes».

La parlementaire réclame un «choc de contrôle, de transparence et de culture démocratique», grâce à la mise en place d'une «autorité administrative indépendante chargée de la protection de l'éthique du sport».

Elle pointe aussi les «défaillances de l'Etat» dans ses missions de contrôle, critiquant les nouveaux contrats de délégations mis en place avec les fédérations, «lacunaires» et «assortis d'engagements insuffisamment précis».

Accusations graves

Sabrina Sebaihi insiste également sur des «accusations graves» visant la fédération française de kickboxing et son club d'Aulnay-sous-Bois en réclamant un «état des lieux».

Dans la foulée de l'audition du journaliste Romain Molina devant la commission, le ministère des Sports avait saisi la justice après avoir eu connaissance de faits susceptibles de révéler un système de chantage de nature sexuelle, dans un club de kickboxing. La Fédération conteste en bloc ces accusations, et assure qu'elle va porter plainte pour diffamation contre Romain Molina.

En matière de violences sexuelles, qui secouent le monde du sport depuis les révélations en 2020 de la patineuse Sarah Abitbol, Sabrina Sebaihi dénonce un «long silence», «long déni» et une «longue inertie» du sport français. Elle considère notamment que la plateforme Signal-Sports lancée par le ministère en 2020 est «invisibilisée», «sous-dimensionnée» et «très largement méconnue».

Désaccords

En décembre, l'ex-ministre des Sports Marie-George Buffet avait déjà réclamé dans un rapport une «autorité indépendante» pour prévenir et traiter les violences sexistes et sexuelles dans le sport. Amélie Oudéa-Castéra s'était dite en désaccord avec cette proposition, privilégiant la cellule actuelle.