Malgré un remaniement de dernière minute et des blessures, l'équipe de Suisse masculine a signé un résultat plus que probant mardi aux Mondiaux d'Anvers. Sa 5e place, qui constitue sa meilleure performance dans un concours par équipes depuis 1954, lui ouvre de superbes perspectives.
Lorsque l'équipe de Suisse avait décroché son ticket pour les JO de Rio 2016 et de Tokyo 2021, elle comptait deux gymnastes d'exception, Pablo Brägger et Oliver Hegi, qui ont conquis au total cinq médailles individuelles aux championnats d'Europe – tous deux ont décroché l'or à la barre fixe – et le bronze par équipe en 2016.
Début septembre, Benjamin Gischard, le capitaine de l'équipe, s'est blessé à un genou. Il aurait pu participer aux six agrès dans cette finale mondiale en Belgique. Mais son absence n'a en rien freiné la formation helvétique, dont l'exploit témoigne du bon travail réalisé dans le pays.
Un meilleur environnement
Les centres régionaux de performance (CRP) jouent ainsi un rôle important dans le développement des gymnastes. «Il faut les bons entraîneurs à chaque niveau, et l'environnement et l'infrastructure d'entraînement doivent être adéquats», explique David Huser, chef du sport d'élite à la Fédération suisse (FSG), dans un entretien avec l'agence Keystone-ATS.
A cet égard, les choses ont évolué au cours des 20 dernières années: davantage de centres de performance ont vu le jour et les entraîneurs professionnels sont plus nombreux. Les structures ont également été améliorées au niveau de la direction des différents CRP. «L'ensemble du système s'est développé», poursuit Huser, «néanmoins, il reste encore beaucoup de travail à accomplir.»
«Ce que les athlètes accomplissent est incroyable, nous voulons en tant que fédération être à la hauteur», lâche David Huser. Depuis le départ de l'entraîneur en chef Benjamin Fluck en juillet 2020, c'est une équipe d'entraîneurs composée de quatre personnes, Laurent Guelzec, Claudio Capelli, Sébastien Darrigade et Nils Haller, qui est responsable des hommes. Il n'y a plus d'entraîneur en chef. Au lieu de cela, tous ont un rôle bien précis.
Objectif: plus de données
Afin que les entraîneurs puissent se concentrer sur leurs tâches en salle, la fédération poursuit la mise en place d'un management d'équipe. Des physiothérapeutes sont par ailleurs désormais présents à chaque entraînement du cadre national à Macolin. «En ce qui concerne toute la prévention, nous avons fait un énorme pas en avant», souligne Huser. Ainsi, les blessures, inévitables dans une discipline aussi intensive en termes d'entraînement, peuvent être minimisées.
Ensuite, la science du sport doit aussi être davantage prise en compte. Des plaques de mesure pour les sauts ont été achetées. «Nous avons besoin de plus de données pour pouvoir prendre plus de décisions sur une base scientifique», explique David Huser, tout en précisant: «Il faut aussi des décisions prises à l'instinct, sur la base de longues années d'expérience. Au final, un bon mélange permet d'obtenir le meilleur résultat possible»
De nombreux facteurs décisifs
Pour pouvoir réaliser une performance de pointe le jour J, de très nombreuses pièces du puzzle sont déterminantes, parmi lesquelles le mental, l'alimentation, la récupération (notamment le sommeil). C'est aussi pour cette raison qu'il faut collecter le plus de données possible.
«Il s'agit de déterminer quels sont les facteurs les plus importants pour chaque athlète», explique Huser. Un Florian Langenegger, par exemple, dispose déjà d'une énorme force mentale malgré ses 20 ans seulement. «C'est un talent chez lui», glisse-t-il.
La fédération veut d'ailleurs accorder une plus grande attention au mental, et est en train d'élaborer un concept avec le département de psychologie du sport de Macolin. Les athlètes doivent être capables de donner le maximum dans ce domaine également, et ce dès leur plus jeune âge.
Il est clair que tout cela coûte très cher. «C'est pourquoi ce résultat était extrêmement important ici», lâche Huser, «il montre que les investissements en valent la peine». La base pour d'autres succès est en tout cas posée.