Dopage Dopage : le coronavirus n'était pas un passe droit

hle, ats

21.4.2021 - 14:50

Keystone-SDA, hle, ats

Le coronavirus n'était pas le meilleur alibi pour tricher. C'est ce que révèlent les chiffres rendus publics par Antidoping Suisse.

Le coronavirus n'a pas été un passe droit pour le dopés en Suisse.
Le coronavirus n'a pas été un passe droit pour le dopés en Suisse.
Keystone

Voilà l'idée qui prévalait en Suisse: un contrôleur d'Antidoping s'en revenait bredouille dans la mesure où il trouvait un athlète en isolation ou en quarantaine. La déduction comme quoi un sportif pouvait se soustraire sans problème à un contrôle inopiné ne correspond pas à la réalité. Les chiffres le montrent: «Depuis le déclenchement de la pandémie, Antidoping Suisse a diligenté près de 1200 contrôles inopinés, parmi eux seuls six ont été annulés en raison du coronavirus», explique le directeur Ernst König à une question de Keystone-ATS.

L'excuse d'une migraine ou d'un mal de cou ne suffisait pas pour envoyer balader le contrôleur. «On examinait d'abord si l'isolation ou la quarantaine avaient été ordonnées par un médecin ou une autorité. En outre, un contrôle avorté s'apparentait comme une infraction potentielle», relève König. Le sportif devenait alors l'objet d'une attention spéciale.

Le rapport annuel de la Fondation Antidoping Suisse révèle toutefois que les 1538 contrôles antidopage menés en 2020 ont montré qu'un quart se retrouvait sous les valeurs de l'an dernier. «La chute s'explique essentiellement par le manque de contrôles en compétition», relève König.

Dans l'optique des Jeux olympiques de Tokyo, l'idée reste gravée que la pandémie a renforcé le déséquilibre international dans la lutte contre le dopage. Ainsi en cas de confinement dur, les contrôleurs doivent aussi rester à la maison. Ulrich Kurmann, le successeur de l'ex-présidente Corinne Schmidhauser, conteste ces craintes et prend même le contre-pied. «Dans le monde entier, il y a eu moins de gens contrôlés mais le nombre des contrôles est toujours très haut. De surcroît, pour la première fois l'Agence internationale de contrôle (ITA) sera en action à Tokyo.»

L'ITA est une fondation, qui fonctionne comme prestataire pour les fédérations sportives ou les organisateurs. Toujours plus de fédérations sportives internationales ou de grands organisateurs délèguent cette tâche de prélèvement d'échantillons aux experts de l'ITA, fondée en 2018.

Au total, 109 ré-analyses ont été réalisées sur 87 échantillons d'urine et de sang, prélevés entre 2012 à 2016 et provenant de différentes disciplines sportives. En collaboration avec le Laboratoire suisse d'analyse du dopage à Lausanne (LAD), les échantillons ont été spécifiquement sélectionnés en fonction de différents critères. Les incidents internationaux survenus dans les sports concernés, les étapes de développement dans la technologie d'analyse et les nouvelles connaissances relatives aux substances interdites, entre autres, ont été pris en considération. Les résultats des ré-analyses se sont toujours avérés négatifs, ce qui signifie qu'aucune substance interdite n'a été détectée, même lors du réexamen des échantillons.