Dopage Dopage: l'image de l'athlétisme mondial assombrie

ATS

17.6.2020

L'affaire russe qui n'en finit pas et les cas de dopage ou de contrôles manqués qui se succèdent: les nuages s'accumulent au-dessus de l'athlétisme mondial. Celui-ci peine à susciter l'engouement depuis la retraite de la légende Usain Bolt.

Sebastian Coe est à la tête de l'IAAF depuis 2015.
Sebastian Coe est à la tête de l'IAAF depuis 2015.
Keystone

Quatre ans et demi après la publication d'un rapport accablant du Canadien Richard Pound pour l'Agence mondiale antidopage (AMA), révélant un dopage institutionnel en Russie et la suspension du pays par la Fédération internationale, l'affaire continue de polluer le premier sport olympique.

La situation s'est même aggravée ces derniers mois: accusée d'avoir falsifié des données du laboratoire de Moscou, au coeur du système de dopage entre 2011 et 2015, transmises à l'AMA et à l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU) pour leurs investigations, la Russie a été exclue pour quatre ans des principaux évènements internationaux, notamment les Jeux olympiques et la Coupe du monde de football. La Fédération russe d'athlétisme est également accusée d'avoir aidé le vice-champion du monde de la hauteur 2017 Danil Lysenko à échapper à une sanction pour des manquements à ses obligations de localisation pour des contrôles inopinés.

En novembre 2019, World Athletics a donc décidé de geler le processus de réintégration de la Russie et celui permettant à des athlètes russes considérés comme irréprochables de participer aux compétitions internationales. La Russie a depuis fait le ménage dans ses institutions sportives, avec notamment la nomination au ministère des Sports d'Oleg Matytsine et l'arrivée à la tête de la Fédération russe d'athlétisme d'Evgueni Iourtchenko, après l'éviction du bureau visé par les accusations de World Athletics. En contrepartie, la Fédération internationale a autorisé un maximum de dix athlètes russes à participer sous bannière neutre aux compétitions et aux Jeux olympiques de Tokyo.

La tenue à Paris depuis le 8 juin du procès de Lamine Diack jette également une lumière crue sur le rôle trouble joué par des responsables de l'athlétisme mondial pour protéger la Russie. L'ex-patron de l'IAAF (ancien nom de la Fédération internationale), âgé de 87 ans, risque jusqu'à dix ans de prison pour corruption active et passive, abus de confiance et blanchiment en bande organisée, pour avoir couvert des cas de dopage d'athlètes russes.

Des cadors de la piste soupçonnés

L'image de l'athlétisme est surtout souillée auprès du grand public par la multitude d'affaires de dopage qui touchent des cadors de la piste ou du bitume, preuve néanmoins d'une réelle volonté de traquer les tricheurs. En moins de deux semaines, deux médaillés d'or aux Mondiaux de Doha en 2019 viennent ainsi d'être suspendus provisoirement pour avoir manqué à leurs obligations de localisation.

Le 5 juin, c'est la Bahreïnie Salwa Eid Naser, championne du monde du 400 m, qui a d'abord été suspendue. Elle a été suivie mercredi par le roi du 100 m Christian Coleman, déjà menacé l'année dernière, à tort dans un premier temps, par l'Agence antidopage américaine juste avant de s'envoler pour le Qatar. En mars, la championne olympique en titre du 3000 m steeple, la Bahreïnie Ruth Jebet, avait été de son côté suspendue quatre ans pour dopage à l'EPO.

Trois cas qui font tache mais qui sont loin d'être isolés. Il y a un an, outre la polémique sur la présence de Coleman, les Mondiaux de Doha avaient été marqués par la suspension de quatre ans infligée pour «organisation et incitation» au dopage au prestigieux entraîneur Alberto Salazar, ancien mentor de Mo Farah et maître à penser de l'Oregon Project, un groupe financé par l'équipementier Nike. Les sacres au Qatar de plusieurs de ses protégés (Sifan Hassan, Donovan Brazier) n'ont fait qu'ajouter au malaise.

Grand pourvoyeur de champions et de records dans les épreuves d'endurance, le Kénya est aussi régulièrement pointé du doigt par les autorités antidopage. En 2016, le pays a échappé de peu à l'humiliation, n'obtenant le droit de participer aux Jeux de Rio qu'après avoir adopté une loi antidopage. Quelques grands noms sont tombés récemment, comme en 2017 Jemima Sumgong, médaillée d'or olympique du marathon à Rio, ou l'année suivante Asbel Kiprop, champion olympique du 1500 m en 2008 et triple champion du monde. Cette année, les deux marathoniens Wilson Kipsang Kiprotich et Daniel Kinyua ont été suspendus.

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