Le décathlonien Simon Ehammer (22 ans) aborde les championnats du monde à Eugene avec la ferme intention de damer le pion aux spécialistes du saut en longueur. L'Appenzellois a le potentiel pour monter sur le podium, confirme son entraîneur Karl Wyler.
«Tout est possible», lâche Karl Wyler, entraîneur principal de Simon Ehammer sur le terrain (son frère René s'occupant quant à lui de la planification détaillée). Selon le technicien originaire de Suisse orientale, Simon Ehammer a ainsi retrouvé toute sa vivacité après un long bloc d'entraînement.
Sa forme se situe au niveau de Ratingen et de Götzis, où le vice-champion du monde 2022 de l'heptathlon en salle avait amélioré les records suisses du saut en longueur (8m30 puis 8m45) et du décathlon (8354 puis 8377 points).
Mais par «tout est possible», Karl Wyler inclut également les vents turbulents qui devraient sévir dans le Hayward Field de l'Université de l'Oregon vendredi soir lors des qualifications. «Il faudra aussi un peu de chance pour toucher parfaitement la planche d'appel», souligne l'entraîneur.
Economiser ses forces, si possible
A ce niveau, pas question par ailleurs de se contenter d'assurer le moindre saut, si tant est qu'il soit possible de le faire. Simon Ehammer abordera les qualifications de manière agressive, avec une course d'élan fixée entre 39,7 et 40,5 mètres.
L'idéal serait que l'Appenzellois dépasse dès le premier des trois essais dont il disposera la distance qualificative, qui sera d'environ 8m10, afin d'économiser ses forces dans l'optique de la finale programmée dimanche soir.
Habitué à n'avoir que trois essais dans les concours multiples, Simon Ehammer sait ainsi parfaitement à quoi s'attendre vendredi soir. «Cela peut certainement constituer un avantage ici», estime d'ailleurs Karl Wyler.
Légèreté et souplesse
«Un échec en qualifications serait une grande déception, car Simon est au sommet de sa forme», enchaîne le coach, avant de souligner l'une des grandes forces de son athlète: «Simon transforme de manière optimale la vitesse en distance».
Un coup d'oeil sur les différents résultats obtenus par Simon Ehammer confirme cette analyse. L'Appenzellois a réalisé 8m45 à la longueur en affichant un record personnel de 10''46 sur 100 m, alors que la plupart des athlètes sautant aux alentours de 8m20 sont capables de courir le 100 m en moins de 10''20.
Si l'on considère le développement musculaire de Simon Ehammer, son morphotype est plutôt fin. Cette légèreté lui permet de mieux voler, grâce à un rapport force/charge plus favorable que celui des sprinters bodybuildés qui possèdent la vitesse idéale pour le saut en longueur mais ne s'adonnent plus à cette discipline.
Les contraintes du saut en longueur sont extrêmes, et Karl Wyler doit veiller à la qualité de l'entraînement. Pendant la semaine de préparation aux Etats-Unis, Simon Ehammer s'est ainsi astreint à des séances de course d'obstacles, de lancer du poids et du disque, tout en n'effectuant que six sauts avec une course d'élan complète.
Une attention particulière a été portée sur la technique et la fluidité pour ces six sautes en longueur. Moins, c'est parfois plus. La souplesse de Simon Ehammer en saut en longueur repose d'ailleurs aussi sur sa polyvalence en tant qu'athlète.
Une décision logique
La décision de miser sur le saut en longueur à Eugene se base par ailleurs uniquement sur le calendrier des deux grands événements de 2022, et non sur une réflexion concernant la discipline dans laquelle les chances de médaille sont les plus grandes. Seules trois semaines séparent le décathlon des Mondiaux de celui des Championnats d'Europe de Munich.
«C'est trop court, d'autant plus qu'il faut encore gérer le décalage horaire», souligne Karl Wyler. C'est pour cela que le saut en longueur s'imposait à Eugene. Si ces Mondiaux avaient constitué le seul grand événement de 2022, Ehammer aurait participé à Eugene au saut en longueur puis au décathlon prévu vers la fin de ces joutes. En revanche, il n'était pas envisageable de commencer par un décathlon puis d'enchaîner avec le concours de la longueur.