C'est une saison du World Tour pas comme les autres qui s'est conclue dimanche avec le sacre de Primoz Roglic dans la Vuelta. La jeune génération s'y est un peu plus imposée, notamment côté suisse avec l'émergence de Marc Hirschi.
Le cyclisme a su mieux composer que d'autres sports avec le coronavirus, même si la pandémie a eu raison des Tours de Romandie et de Suisse notamment. La saison, interrompue au printemps, a repris à un rythme effréné dès le 1er août, et seule Paris-Roubaix a dû être annulée parmi les courses majeures du calendrier.
L'absence de public et les contraintes sanitaires n'ont pas empêché les meilleurs coureurs de se mesurer sans arrière-pensée. «Avec l'état dans lequel se trouve notre monde, nous pouvons nous estimer heureux d'avoir eu des courses», a d'ailleurs lâché Primoz Roglic.
La tendance se confirme
A 31 ans, Primoz Roglic est d'ailleurs une exception à une règle qui semble s'imposer. Les jeunes ont bel et bien pris le pouvoir. Tadej Pogacar a remporté à 21 ans son premier Tour de France, un an après le triomphe d'Egan Bernal au même âge sur la Grande boucle, en renversant Primoz Roglic à la veille de l'arrivée à Paris.
Brillants lors des classiques, Wout van Aert (26 ans) et Mathieu van der Poel (25 ans) ont eux aussi encore tout l'avenir devant eux. Et le prodige Remco Evenepoel (20 ans), euphorique au printemps, n'a même pas pu s'illustrer à la reprise, victime d'une terrible chute le 15 août sur le Tour de Lombardie.
«Les jeunes ont pris le dessus», a concédé lors du Tour d'Italie le vétéran Vincenzo Nibali (35 ans). L'Italien sait de quoi il parle: 7e, il a été privé pour la première fois depuis dix ans du podium final dans le Giro, remporté par Tao Geoghegan Hart (25 ans) devant Jai Hindley (24 ans) et Joao Almeida (22 ans).
L'exercice 2020 a même été le théâtre d'une «débâcle» historique, dont Vincenzo Nibali n'est pas le seul responsable. Ni l'Italie, ni la France, ni l'Espagne n'ont pu placer de représentant sur le podium d'un des trois grands Tours, ce qui n'était encore jamais arrivé.
Hirschi, la révélation suisse
La nouvelle génération a également pris le pouvoir chez les Suisses, qui ont eu de quoi oublier l'annulation des Mondiaux d'Aigle-Martigny. C'est en leader incontournable que Marc Hirschi (22 ans) a abordé les championnats du monde d'Imola, dans lesquels il s'est paré de bronze au terme d'une course gérée en roublard.
Le Bernois avait explosé lors du Tour de France, s'adjugeant une étape, avant de remporter La Flèche Wallonne. «La formation est totalement différente par rapport au passé. Il y a désormais beaucoup d'équipes d'espoirs, avec d'excellents programmes», a-t-il souligné pour expliquer l'avènement des jeunes coureurs.
Et Marc Hirschi ne fut pas le seul jeune Suisse à s'illustrer. Stefan Bissegger (22 ans également) s'est offert un premier podium – une 3e place dans un clm – dès sa première course estampillée World Tour, le Tour du Benelux. Gino Mäder (23 ans) a terminé très fort une Vuelta qu'il a conclue à un bon 20e rang. Et Stefan Küng, médaillé de bronze du chrono des Mondiaux, n'a que 27 ans.
L'incertitude, toujours
Gino Mäder symbolise malheureusement aussi l'incertitude qui plane sur le milieu cycliste. Le Bernois n'a pas de contrat pour 2021, et son équipe NTT pourrait disparaître faute de repreneur. Les perspectives ne sont guère réjouissantes en raison de la pandémie, et les deux premières courses prévues au calendrier World Tour 2021 (Tour Down Under et Great Ocean Race) sont d'ores et déjà annulées.