La famille Kambundji a de nouveau frappé fort aux Européens en salle d'Istanbul, décrochant deux médailles comme aux Européens outdoor 2022. Florian Clivaz, qui a pris une nouvelle dimension dans l'encadrement de Mujinga Kambundji et a succédé à Adrian Rothenbühler comme coach de Ditaji, s'en réjouit au plus haut point.
«On pouvait imaginer un tel bilan. Mais il y a parfois un monde entre ce nous espérons et ce qui peut se produire», lâche le Valaisan (28 ans), qui tient d'emblée à se mettre dans l'ombre: «Ma désignation officielle au poste d'entraîneur a pu paraître spectaculaire, mais mon rôle n'a pas vraiment changé», glisse-t-il.
«Je gère toujours principalement la planification et la gestion du contenu des entraînements», explique-t-il. «Pour certains aspects techniques, je suis épaulé par Claudine Müller (réd: coach du tout frais champion d'Europe du 60 m haies Jason Joseph) et par Patrick Saile», l'entraîneur national du 100 et du 200 m.
«Mujinga s'entraîne sous la supervision de Patrick Saile deux jours par semaine. Dans le même temps, Ditaji rejoint Claudine Müller pour deux jours également», souligne l'ancien sprinter, qui valait 10''36 sur 100 m et avait participé aux Européens 2018 à Berlin. «Mais on estime que Ditaji a également tout intérêt à travailler sa vitesse sur le plat dans l'optique des haies», poursuit Florian Clivaz, qui gère pour sa part aussi directement les entraînements de force.
Un long processus
A désormais 30 ans, Mujinga Kambundji se connaît parfaitement. Elle a su s'inspirer du savoir-faire des différents coaches qu'elle a côtoyés pour mettre peu à peu les pièces du puzzle en place. Et sa soeur en profite du coup aussi pleinement. «Grâce à l'expérience de sa grande soeur, Ditaji (réd: qui est âgée de 20 ans) a pratiquement dix ans d'avance sur Mujinga» dans sa manière de planifier son entraînement, glisse Florian Clivaz.
«Cette situation est l'aboutissement d'un long processus. Mais mon job a toujours été de faire la synthèse entre les différents inputs. Et l'équipe n'a pas beaucoup changé. On est là pour répondre aux besoins de Mujinga et à ceux de Ditaji, qui a la même philosophie», précise celui qui entraîne aussi le sprinter grison William Reais.
Le Valaisan est sans doute celui qui connaît le mieux les deux soeurs. Compagnon de Mujinga depuis 2016, il supervise la carrière de la médaillée de bronze du 200 m des Mondiaux 2019 depuis quatre ans. Il a aussi accompagné l'éclosion de Ditaji, laquelle s'est révélée l'été dernier en se parant de bronze sur 100 m haies aux Européens en plein air de Munich.
Leur destin est plus que jamais lié, l'expérience accumulée par l'aînée ne pouvant que profiter à sa cadette. Même si dix ans les séparent et que Mujinga a préféré ne pas s'ajouter d'obstacles sur la rectiligne, leur ambition est in fino la même: poursuivre leur progression, repousser leurs limites pour se rapprocher encore de l'élite mondiale de leur discipline.
Améliorer la phase de vitesse lancée
Mais le chantier n'est évidemment pas le même, la marge de progression de la cadette étant forcément plus grande. «Ditaji continue à travailler pour stabiliser sa technique, tout en cherchant à améliorer sa vitesse pure», explique Florian Clivaz. Avec succès puisque, outre sa médaille de bronze européenne sur 60 m haies, la cadette a amélioré son record sur 60 m cet hiver (7''31).
«Pour Mujinga, il s'agit premièrement de continuer à stabiliser sa phase d'accélération, de faire en sorte qu'elle soit la plus longue et progressive possible. Puis, de faire en sorte qu'elle puisse maintenir la vitesse produite le plus longtemps possible en cherchant à améliorer sa phase de vitesse lancée», précise-t-il.
«A Istanbul (réd: où Mujinga s'est parée d'or sur 60 m en 7''00), c'était déjà très propre», se réjouit le Valaisan, rappelant que Mujinga s'appuie sur les conseils de Patrick Saile sur le plan technique depuis 2021.
Un emploi du temps chargé
La préparation estivale vient tout juste de démarrer après une petite semaine de vacances, et cette saison 2023 s'annonce prometteuse pour la Team Kambundji. Elle sera aussi d'autant plus chargée pour Florian Clivaz qu'il entamera en mai un stage dans un cabinet d'avocats.
«Je suis jeune, et ai de l'énergie à revendre», lâche celui qui est l'un des co-fondateurs de l'agence de management sportif Elite Performance Management (qui gère les intérêts des soeurs Kambundji, de Jason Joseph, du champion olympique de la hauteur Gianmarco Tamberi ou encore de la vététiste Jolanda Neff).
Le Valaisan continuera évidemment à oeuvrer dans l'ombre pour le bien-être de ses athlètes. De toute manière, «c'est le travail de toute une équipe» comprenant aussi notamment une physiothérapeute qui est d'ailleurs présente lors du camp d'entraînement venant de démarrer à Belek.
«Nous avons toujours mené les discussions en équipe, et pris les décisions en équipe», explique-t-il. Une équipe dont il est un rouage parmi d'autres. «Tout fonctionne parfaitement. Mais si cela venait à ne plus marcher, que ce soit en ma qualité de manager ou de coach, je serais le premier à le dire», assure un Florian Clivaz prêt à s'effacer pour le bien de la Team Kambundji.