L'essentiel a été préservé pour Egan Bernal, dominé par le Britannique Simon Yates dans l'arrivée au sommet de la 19e étape, à Alpe di Mera, mais toujours maillot rose à deux jours de l'arrivée du Tour d'Italie.
Dans la montée finale, le Colombien a de nouveau baissé pavillon, deux jours après son jour-sans de Sega di Ala. Mais il a limité la perte de temps sur ses adversaires et a même conforté de quelques secondes son avance sur son dauphin, l'Italien Damiano Caruso, désormais à 2'29''.
"Je suis très content", a répété le chef de file de l'équipe Ineos, comme pour se convaincre lui-même après sa troisième place de l'étape, à 28'' du vainqueur. "J'ai fait une bonne montée, cela s'est très bien passé."
Le Colombien, aidé une nouvelle fois par son précieux lieutenant Daniel Martinez, a modulé son effort sur les 6,4 derniers kilomètres après l'attaque de Yates. Il est certes apparu loin du grimpeur qui se montrait irrésistible dans les premières arrivées au sommet du Giro, tout comme dans les Dolomites en début de semaine.
Mais il n'a jamais cédé, hormis un fléchissement révélateur dans les derniers hectomètres où il n'a pu suivre le Portugais Joao Almeida, deuxième de l'étape. "J'ai géré, j'ai gardé des forces en pensant au contre-la-montre de dimanche", a-t-il assuré.
"Yates le plus fort... en ce moment"
Avec la lucidité d'un vieux routier, le maillot rose a résumé: "Je vais bien mais Yates est le plus fort... en ce moment." Avant de se projeter sur la dernière journée de montagne samedi entre Verbania et Alpe Motta (164 km): "J'espère avoir les mêmes sensations demain (samedi). Avec l'altitude, ce sera encore mieux. Je vais essayer de gérer les écarts par rapport à Caruso et Yates qui sont avec moi sur le podium."
Dans cette étape ensoleillée, qui a laissé l'ordre du classement inchangé en haut de tableau, Yates a retrouvé ses conditions préférées. Tant pour le parcours avec une montée finale dans ses cordes (9,7 km à 9 %) que pour la météo, lui qui a mal supporté le mauvais temps jusqu'à présent.
Le Britannique a ainsi renoué avec la victoire dans le Giro, dont il était le grand favori avec Bernal au départ de Turin. Trois ans après une édition mémorable finalement confisquée par Chris Froome. En 2018, il avait dominé la course et enlevé trois étapes avant de s'effondrer dans les trois derniers jours. Et gagner en fin de saison la Vuelta.
"Ce n'était pas l'étape la plus difficile même si la dernière ascension était dure", a souligné le coureur de l'équipe australienne BikeExchange (son frère jumeau Adam est parti à l'intersaison chez Ineos). "Demain, ce sera plus ardu. J'essayerai de faire le mieux possible mais je suis déjà heureux avec cela".
Samedi, la 20e et avant-dernière étape fait une longue incursion en Suisse et grimpe les derniers cols, l'interminable San Bernardino (23,7 km) et le Splugen, dont les sommets dépassent les 2000 mètres d'altitude. Le parcours se conclut au-dessus de la station de Madesimo au bout d'une ascension de 7,3 kilomètres à 7,6 %.