Les meilleurs golfeurs professionnels suisses Benjamin Rusch, Joel Girrbach et Jeremy Freiburghaus s'en sont pas mal tiré à l'occasion du Swiss Challenge près de Bâle. Mais sans procurer plus qu'une lueur d'espoir. Depuis 17 ans, il règne une nuit noire sur le golf masculin helvétique.
Avec des 15e, 19e et 25e rangs, les trois ont réussi une bonne performance au niveau du Challenge Tour, le deuxième échelon du circuit européen. Ce ne fut toutefois qu'une photographie du moment, qui ne reflète pas exactement la réalité quotidienne.
Rusch et Girrbach, les Thurgoviens du Golfclub Lipperswil, courent après une promotion dans le plus haut circuit européen, le Circuit européen PGA, depuis des années en vain. A 32 et 28 ans, ils sont arrivés à un âge où ils devraient arriver à une progression durable dans leur carrière, même si les pros peuvent réaliser de bonnes performances jusqu'à la quarantaine. Tigers Woods l'a déjà prouvé.
L'espoir Freiburghaus
Le Grison Jeremy Freiburghaus semble posséder les meilleures perspectives sportives des trois. ll est âgé de 25 ans et a réalisé des progrès frappants ces deux dernières années, même avec le handicap de la pandémie du coronavirus. Grâce à deux succès sur le Pro Golf Tour, le troisième échelon européen, il avait rejoint le Challenge Tour en 2020, où il s'est entre-temps établi comme Rusch et Girrbach.
Freiburghaus considère comme un objectif réaliste la promotion dans le grand Tour pour 2023. Les progrès vont de pair avec un travail dans le domaine mental, que le Grison a entrepris avec son coach mental, l'ancien curler de classe mondiale, Andreas Schwaller. Freiburghaus semble posséder les capacités pour être le premier professionnel suisse depuis longtemps à évoluer avec l'élite.
Les meilleurs pros suisses proviennent de l'Est de la Reuss. Le Zurichois Marco Iten vient d'accéder au Challenge Tour. Pendant de longues années, la source la plus fertile jaillissait du côté de Genève. Elle avait sorti des joueurs comme Julien Clément, Nicolas Sulzer et Raphaël De Sousa. Ce dernier est encore le dernier en activité à l'âge de 38 ans. La source genevoise est tarie. Elle bouillonne plutôt du côté de Lausanne. Robert Foley, 24 ans, est proche du saut en Challenge Tour. Ses progrès permettent de le comparer à Freiburghaus.
Facteurs amers
Pour estimer la valeur d'une nation en hockey sur glace, on recense le nombre de joueurs du pays qui évolue en NHL. Pour une bonne nation en golf, il faut que beaucoup ou plusieurs joueurs aient le droit de disputer les circuits lucratifs professionnels aux Etats-Unis et en Europe. Depuis l'automne 2004, lorsque le Genevois Julien Clément a été relégué, on ne trouve plus trace d'un Suisse avec les droits de jouer régulièrement sur le Circuit européen PGA, et encore moins sur le Circuit américain PGA.
Pour les golfeurs suisses et aussi pour la fédération Swiss Golf, cette absence au plus haut niveau conduit à l'identification de la Suisse comme l'une des plus mauvaises nations de l'Europe de l'Ouest. De quoi souffrir de complexes face à l'Autriche par exemple, avec un Bernd Wiesberger, qui a récemment fait partie de la sélection européenne engagée dans la Coupe Ryder.
Autres exemples, la Norvège et la Finlande avaient, au contraire de la Suisse, aucune structure il y a 20, 25 ans dans le golf professionnel masculin. Aujourd'hui, trois Finlandais sont établis dans le grand Tour européen. La Norvège peut compter, elle, sur Viktor Hovland. Au cours de la saison 2020-21, il était classé no 16 sur le Circuit américain. Il a amassé plus de 5 millions de dollars de prix et a, lui aussi, participé à la Coupe Ryder avec la sélection européenne. Que les Suisses s'en inspirent.