La France se prépare à recevoir sportifs et spectateurs du monde entier pour les Jeux olympiques durant l'été 2024 à Paris, une épreuve hors norme en terme d'organisation. La situation est encore plus complexe en raison du contexte international des guerres en Ukraine et entre Israël et le Hamas.
Dans moins de huit mois, si tout va bien, les JO s'ouvriront le 26 juillet au soir par une cérémonie promise pour être grandiose: un défilé des délégations étrangères sur la Seine en plein centre de Paris. L'Etat – le président de la République y tient beaucoup – et les organisateurs misent sur ce concept audacieux pour dépoussiérer le genre et marquer un grand coup.
Mais, d'ici là, cette parade fluviale fait dresser les cheveux sur la tête des services de sécurité. Car le défi est immense: déminer les bateaux, mettre des +snipers+ sur les toits, reloger des habitants de péniches, accueillir tous les chefs d'Etat étrangers, assurer un spectacle après avoir fermé la Seine à la navigation pendant une semaine...
«Coups de pression»
«Ce sera l'endroit sur la planète où on sera en totale sécurité», promettait en juillet Tony Estanguet, le boss du comité d'organisation, en parlant de l'été 2024. Mais, disait-il aussi avec lucidité à l'AFP, «il ne faut pas qu'on fasse les malins parce que c'est sûr que dans la dernière année, ça va être compliqué».
«Il va y avoir, avait-il confié, de nouveaux problèmes, de nouveaux sujets qui vont arriver, des coups de pression, des tensions, des gens qui vont vouloir sûrement aussi profiter des Jeux pour porter des sujets. Donc, je m'attends à ce que la tension continue de monter.»
Autre défi de taille, réussir à ce que l'eau de la Seine soit suffisamment saine pour accueillir les épreuves de natation marathon et de triathlon.
D'olympiades en olympiades, la vie des comités d'organisation de JO quelques mois avant l'événement ressemble bien souvent à un grand huit, la tête en bas et l'estomac au ciel. Tony Estanguet est servi. En plus de la guerre en Ukraine, un nouveau conflit entre Israël et le Hamas tétanise le monde entier.
Peu après le déclenchement du conflit, le 7 octobre, la France a vu de nouveau un professeur se faire tuer devant son lycée, puis un touriste allemand mourir sous des coups de couteau près de la Tour Eiffel. Les JO vont donc se dérouler sous haute menace terroriste.
«Penser au pire»
«Cela ne change rien, le préfet de police a toujours dit +il faut qu'on pense au pire+», tempère une source préfectorale.
N'empêche, «rien ne leur sera épargné», soupirait un bon connaisseur des JO. Même si à côté, l'édition japonaise des JO 2020 repoussée d'un an pour cause de pandémie, sans spectateurs, et au budget explosé, fait encore figure d'épouvantail organisationnel.
Depuis la guerre en Ukraine, le comité d'organisation a cependant vu son budget augmenter en raison de l'inflation. Quant à la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), elle a passé quelques mauvaises nuits, craignant des pénuries de matériaux. Mais tout devrait être livré dans les temps.
Du point de vue diplomatique, après la récente décision du CIO d'accepter les athlètes Russes et Bélarusses à Paris sous conditions, il reste concrètement – sauf si la Russie décidait de boycotter les JO – à les faire cohabiter et se mesurer sportivement en toute sécurité.
Et au milieu planent les menaces de cyberattaques et des tentatives de désinformation. Ainsi, en juillet dernier, selon Viginum, l'organisme de lutte contre les ingérences numériques étrangères, des acteurs liés à l'Azerbaïdjan ont mené une campagne de manipulation de l'information visant à porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à accueillir les Jeux.
Depuis quelques semaines, la tension a en outre grandi sur la question des transports et leur capacité à accueillir les flux de spectateurs alors qu'au quotidien, le système de transports franciliens montre des signes de faiblesse depuis la crise du Covid.