Brillante 5e du 100 m aux JO 2021 à Tokyo, Ajla Del Ponte sort de deux saisons frustrantes marquées par les pépins physiques. «Il y a eu des moments de doute, surtout en 2023. Mais je reste extrêmement motivée», confie-t-elle dans un entretien téléphonique accordé mardi à Keystone-ATS.
«Ca a surtout été difficile de perdre un mois cet été: c'est le temps qu'il a fallu pour qu'on me fasse le bon diagnostic, alors qu'on n'avait pas voulu que je passe une IRM dans un premier temps», précise la Tessinoise, dont un muscle de la cuisse droite s'est complètement détaché du tendon à hauteur de la hanche.
«Ca prend plus de temps que prévu après cette blessure», soupire Ajla Del Ponte, qui revenait alors tout juste aux affaires après son opération subie à un tibia à l'automne 2022. «J'espérais que 2023 constitue un retour à la normale pour moi», poursuit la deuxième Suissesse la plus rapide de l'histoire sur 100 m (10''90).
«Je savais qu'il serait plus difficile de disputer des grands championnats individuels en 2023, et j'étais déjà heureuse d'avoir l'opportunité de courir cette année», rappelle Ajla Del Ponte, qui n'a pu disputer que deux 100 m en 2023, à la fin mai, avant d'être stoppée net dans son élan.
«Ce n'était pas optimal d'apprendre au bout d'un mois que cette blessure à la cuisse était grave», ajoute la protégée du coach fribourgeois Laurent Meuwly, laquelle n'est pas encore à 100% de ses possibilités musculaires: «Mon quadriceps droit était 20% plus petit lorsque j'ai repris l'entraînement» à la mi-octobre.
Un muscle à reformer
Pas question donc de brûler les étapes. «J'ai fait de très nombreux exercices, en alternatif surtout. Je ne suis pas encore à plein régime, et on ne va pas prendre de risques. Je n'ai jamais été aussi forte en endurance, et je suis très contente de ma condition générale», se réjouit-elle au sortir d'un camp en Afrique du Sud.
«Mais il faut laisser du temps au muscle pour se reformer», poursuit Ajla Del Ponte, qui a pu compter sur le soutien d'un médecin pas comme les autres durant sa rééducation: «Ma maman a suivi des cours spécifiques de médecine du sport pour m'aider au maximum», raconte-t-elle.
«J'espère pouvoir être à 100% au mois de janvier», lâche la Tessinoise, pour qui la saison indoor surviendra trop tôt pour y afficher une quelconque ambition. «Nous avons entamé une longue préparation pour la saison estivale», pour laquelle il est aussi trop tôt pour fixer des objectifs précis.
«Un seul objectif»
«On a déjà évoqué des objectifs minimaux avec les coaches, et c'est en cours de chemin qu'on affinera ces objectifs. A partir de janvier, on devrait voir chaque semaine une progression. Mais il est clair que, comme pour chaque sportive et chaque sportif, il n'y a qu'un seul objectif en 2024: les JO de Paris», rappelle-t-elle.
Rééditer l'exploit de Tokyo 2021 sur 100 m constitue-t-il un objectif réaliste, ou est-ce une utopie ? «Difficile à dire. Le niveau moyen du sprint a encore augmenté ces dernières années. Et moi, je n'ai pas bougé», constate Ajla Del Ponte, qui n'a pas fait mieux que 11''26 sur 100 m au cours des deux dernières années.
«Le temps s'est raccourci pour moi depuis le mois de mai. Mais il me reste 220 jours pour être prête», calcule la Tessinoise de 27 ans, qui en saura plus sur l'état de sa cuisse vendredi après une IRM de contrôle. Et qui repartira de plus belle après les fêtes de fin d'année, pour lesquelles sa famille lui rend visite aux Pays-Bas.
L'esprit du dragon
Que peut-on d'ailleurs lui souhaiter en cette période de Noël ? Un cadeau plutôt matériel, ou un voeu à exaucer ? «2024, c'est l'année du Dragon de bois (réd: selon le calendrier chinois). J'aimerais donc pouvoir compter sur l'esprit du dragon pour m'aider cette année», conclut-elle.