Milan - San Remo Sagan victime du sortilège de la "Primavera"

ats

20.3.2021 - 18:53

Keystone-SDA, ats

Le Belge Jasper Stuyven (Trek-Segafredo) a causé une grosse surprise en remportant Milan – San Remo. Il a profité du marquage entre les favoris pour devancer sur la via Roma Caleb Ewan et Wout van Aert au terme des 299 km.

La "Primavera" se refuse toujours à Peter Sagan.
La "Primavera" se refuse toujours à Peter Sagan.
Keystone

Stuyven (28 ans) a attaqué à un peu plus de 2 km de l'arrivée, mais il a été rejoint à la flamme rouge par le Danois Sören Kragh Andersen. Aux 500 m, ce dernier a lancé le sprint, vite contré par le Belge, qui a conservé une longueur d'avance sur le petit peloton des favoris pour fêter de loin le plus beau succès de sa carrière.

Tout s'est comme le plus souvent joué dans le final de la «Primavera». Les derniers rescapés de l'échappée du jour ont été avalés dans la Cipressa, avant-dernière difficulté. Les coéquipiers de van Aert, le vainqueur sortant, ont imprimé un train d'enfer qui a empêché toute attaque.



Une attaque au bon moment

Dans le Poggio, ce sont les Ineos qui ont mené. Peu avant le sommet, Julian Alaphilippe a lancé une attaque, mais le champion du monde français a vite été rejoint par van Aert et le Néerlandais Mathieu van der Poel, qui faisait figure d'épouvantail. Personne n'a pu se dégager dans la descente, et Stuyven a eu la bonne idée de lancer un démarrage au bon moment. Son audace a été récompensée.

«Attaquer au bas de la descente était ma seule chance», a expliqué le vainqueur. «Au sprint, j'aurais peut-être fini 15e. J'ai donc préféré tenter le tout pour le tout, et ça a fonctionné», a-t-il encore déclaré.

«Il y avait trois coureurs très forts au départ et on ne pensait pas gagner», a reconnu Stuyven. «Mais j'étais dans un grand jour. Après la descente du Poggio, j'ai vu qu'il y avait encore des sprinters. Alors j'ai essayé de faire tapis et d'anticiper le sprint. Ce n'est pas une stratégie choisie ce matin, j'ai plutôt agi d'instinct. C'est incroyable», s'est étonné le Belge, dont le palmarès compte neuf victoires depuis ses débuts en WorldTour en 2014.

Stuyven avait notamment remporté l'année passée le Het Nieuwsblad. Dans les «monuments», les principales courses d'un jour de la saison, il avait obtenu jusque-là ses meilleurs résultats dans Paris-Roubaix (4e en 2017, 5e en 2018).

Une rude leçon

Pour ses adversaires, la leçon est rude, même si l'histoire du cyclisme regorge de courses gagnées de cette façon. «C'est un Milan-San Remo doux-amer pour moi», a convenu Peter Sagan (4e), victime une fois encore du sortilège de la «Primavera» qu'il n'a jamais conquise en onze participations. Content de sa forme ascendante, la star des années 2010 a reconnu «être un peu en colère d'avoir raté l'occasion».

Pour van der Poel, qui rêvait de gagner 60 ans après son grand-père français Raymond Poulidor, l'échec est encore plus marquant. Le dominateur des Strade Bianche, moins bien placé qu'Alaphilippe et van Aert au début du Poggio, a réagi ensuite au démarrage du Français, mais sans jamais paraître en mesure de faire lui-même la décision.

Partagé entre l'envie d'attaquer pour réussir le KO et l'option de s'économiser pour le sprint, van Aert a reconnu lui aussi s'être trompé. «C'était difficile de prendre les bonnes décisions à la fin», a soupiré le vainqueur 2020. Mais, sportivement, a salué «un beau vainqueur».

Les deux Suisses en lice n'ont pas joué un rôle majeur, comme on pouvait s'y attendre. Mais Michael Schär a beaucoup travaillé dans le final pour son leader Greg Van Avermaet et a terminé 100e à cinq minutes. Stefan Bissegger s'est classé 103e.