Jérémy Desplanches était ravi de retrouver ses potes de l'équipe nationale et du Genève Natation à Uster à l'occasion des championnats de Suisse. «Ca m'a fait un bien fou de m'évader un peu», glisse le Niçois d'adoption.
«Ma vie, ça a toujours été entraînement, piscine et récupération. Que je vive à Nice ou à Pétaouchnok ne change rien», rigole ce stakhanoviste, qui a rejoint le groupe du coach Fabrice Pellerin il y a sept ans déjà. «Mais avec les restrictions, on a peu de possibilités de vivre des moments fun», souffle-t-il.
«Je suis venu à Uster histoire surtout de changer d'air. Ca m'a fait un bien fou de m'évader un peu», poursuit le grand blond, (1m89) pour qui le verdict du chronomètre n'avait pas d'importance: «Je m'entraîne très dur en ce moment. Je manque un peu d'énergie, mes fins de course sont difficiles. Mais c'est la période qui veut ça.»
«Du bien au moral»
Les 1'58''86 réussis dimanche en finale du 200 m 4 nages n'ont il est vrai aucune valeur pour un nageur qui s'était paré d'argent aux Mondiaux 2019 en établissant ce qui demeure son record de Suisse (1'56''56). En revanche, les 1'57''50 réalisés le 19 mars à Marseille le satisfont particulièrement.
«Ce temps m'a fait du bien au moral, car je ne m'étais pas approché des 1'57'' depuis un petit moment», sourit le champion d'Europe 2018, qui s'est confié à Keystone-ATS dimanche soir. Il ne s'était en fait pas montré aussi rapide sur sa discipline de prédilection depuis la finale des Mondiaux de Gwangju.
Mais «réussir de bons chronos n'est toujours pas un objectif», souligne Jérémy Desplanches. «Je peux réussir le pire chrono au niveau mondial tout en parvenant quand même à grimper sur le podium au bon moment», rappelle à juste titre l'expérimenté Genevois, qui fêtera ses 27 ans le 7 août prochain.
«Un bon chrono n'a aucune signification en soi. Mais il facilite l'attente», nuance tout de même cet hyperactif, qui a appris à prendre son mal en patience depuis que le Covid-19 a tout chamboulé. «Le temps est assez long. On s'entraîne beaucoup, mais on a peu de repères», regrette-t-il.
«De bons entraînements ne garantissent pas de bons chronos. C'est toujours délicat comme situation», soupire Jérémy Desplanches, dont l'optimisme naturel constitue un atout non négligeable en cette période de crise sanitaire. Il lui permet de garder le cap, avec en tête son unique véritable objectif de l'année: les JO de Tokyo.
«Les championnats d'Europe (réd: prévus dans un mois à Budapest) ne constituent qu'une étape», rappelle-t-il. Mais une étape importante: «Je vais m'entraîner très dur d'ici-là, en étant très sérieux sur le plan technique. Je vois que n'ai plus vraiment l'habitude de faire une course à 100 %», analyse-t-il.
«Mes 15-20 derniers mètres n'ont rien d'idéal sur le plan technique. Je vais mettre le focus là-dessus. Le but est de finir désormais chaque entraînement en étant à 100% techniquement», explique le Genevois, qui n'a jamais eu l'impression de devoir défendre le titre européen conquis il y a trois ans à Glasgow.
Le rendez-vous de Budapest lui permettra avant tout de se situer par rapport à certains de ses rivaux, même s'il n'a pas prévu de phase d'affûtage avant ces Européens. «Je me reposerai en revanche quelque peu avant les Européens», qu'il abordera sans trop de pression sur les épaules, mais avec certaines certitudes.
4 kilos de muscles en plus
«C'est dur de quantifier les progrès que j'ai faits depuis un an», concède Jérémy Desplanches. «Mais j'ai tout fait pour gratter quelques centièmes à droite à gauche. J'ai un peu progressé dans ma nage, et pas mal en musculation aussi: j'ai pris 4 kilos de muscles par rapport aux Mondiaux de Gwangju», précise-t-il.
«Pour que ses progrès musculaires se traduisent, je dois pouvoir me reposer complètement, je dois 'sécher' dans l'optique d'une compétition pour gagner en légèreté. Si j'arrive à enlever 1-2 kilos en phase d'affûtage sur les 4 que j'ai pris, j'aurai un peu plus de puissance et de vitesse. Ca peut être pas mal», se réjouit-il.
Ces périodes d'affûtage et de repos complet sont prévues pour la phase finale de sa préparation olympique. Jérémy Desplanches ne snobera pas les Européens, mais il sait qu'il est quasiment impossible de viser deux pics de forme durant le même été. Il sait aussi que la concurrence sera féroce à Tokyo.
«J'aurai beaucoup de rivaux aux Jeux. Nous sommes au moins une douzaine de prétendants au top 5», estime-t-il. «Ce sera très serré dans le top 5, donc une médaille sera archi, archi dure à aller chercher. Mais ce sera jouable si je fais la course de ma vie au bon moment», comme il l'avait fait le 25 juillet 2019 à Gwangju.