Jeremy Freiburghaus ne veut pas s'arrêter à son premier grand succès, la première «promotion» d'un professionnel suisse sur le principal circuit européen depuis 20 ans. Les progrès du Grison de 26 ans sont trop réjouissants et évidents.
18.10.2022, 16:38
ATS (Peter Lerch)
Ce n'est qu'il y a trois ans que Jeremy Freiburghaus a osé faire le pas du professionnalisme. Lors d'une saison 2020 marquée par la pandémie, il a pu se qualifier pour le Challenge Tour, le deuxième circuit du golf professionnel européen. Et maintenant, au terme de sa deuxième saison sur ce Challenge Tour, il se retrouve carrément au sommet.
Le Grison n'a pas seulement réussi à accéder au DP World Tour, le nom actuel de l'European PGA Tour, pour 2023. Il mène aussi le bal dans l'Ordre du mérite, avec une bonne longueur d'avance sur les 258 autres professionnels classés. Il ne reste plus que la finale du circuit à disputer début novembre à Majorque, et Freiburghaus a toutes les chances de rester en tête.
Un succès attendu
L'indice le plus fort des progrès évidents qu'il a réalisés à un niveau déjà remarquablement élevé pour sa quatrième saison chez les pros est sa victoire le week-end dernier dans le tournoi d'Abingdon, au sud d'Oxford, qui lui a rapporté plus de 42'000 euros. Ce triomphe n'est pas venu de nulle part.
Plus tôt dans la saison, Jeremy Freiburghaus s'était déjà mis en évidence avec deux quatrièmes et deux deuxièmes places, flanchant souvent au moment de prendre les commances. A Abingdon, il a su rester calme sur les derniers trous de l'ultime journée pour remporter le duel qui l'opposait à l'Allemand Maximilian Schmitt, battu en barrage.
«Jeremy était déjà assez fort mentalement, et il devient de plus en plus fort», déclare d'ailleurs Andreas Schwaller. L'ancien curleur de haut niveau, troisième aux Jeux olympiques en 2002 et champion d'Europe en 2006 en tant que skip, s'occupe du Grison depuis maintenant deux ans en tant que coach mental.
Freiburghaus ne sollicite les conseils de Schwaller que lorsqu'il en a besoin. C'est souvent le cas après des tournois plutôt ratés, lorsque le joueur n'a pas réussi à se qualifier pour les tours finaux (et manqué ainsi le chèque qui va avec). «Je présente alors à Jeremy plusieurs options. C'est lui qui choisit», glisse le Soleurois.
Des revers encaissés
Il arrive toujours, et à tous les niveaux, qu'un golfeur soit pris dans une spirale négative après un échec. En 2022, Freiburghaus n'a cependant manqué qu'une seule fois – tôt dans la saison – lors de deux tournois consécutifs. Dans tous les autres cas, il s'est immédiatement rattrapé.
Quelle fut sa recette? «J'analyse les causes de ma contre-performance. Parfois, c'est un élément technique, comme le tee ou le putting, qui n'était pas assez bon. C'est subjectif. Mais je peux aussi m'appuyer sur une évaluation informatique précise et objective de l'ensemble du tournoi», souligne-t-il.
Le talent de Jeremy Freiburghaus est indiscutable. Mais pour réussir, il faut tout autant de stabilité mentale, de volonté et de rigueur dans le travail. Et le Grison a la volonté de poursuivre l'année prochaine sur le grand circuit le chemin réjouissant qu'il a emprunté jusqu'ici.
Fin d'une très longue période de disette
Au cours des 18 dernières années, depuis la relégation du Genevois Julien Clément fin 2004, le golf professionnel masculin suisse était la lanterne rouge décrochée des pays d'Europe occidentale, petits pays mis à part. Clément n'a jamais réussi à remonter la pente. D'autres professionnels prometteurs comme Raphaël de Sousa, Damian Ulrich, Martin Rominger et Nicolas Sulzer sont restés à quai.
Il se pourrait toutefois que Jeremy Freiburghaus fasse des émules. Cette saison déjà, une sorte d'"équipe de Suisse» a fonctionné sur le Challenge Tour. Freiburghaus, les Thurgoviens Benjamin Rusch et Joel Girrbach, le Vaudois Robert Foley et le Zurichois Marco Iten ont tout entrepris ensemble: voyager, louer un appartement, cuisiner, manger, s'entraider. Rusch et Girrbach surtout ne sont qui plus est pas loin du niveau de jeu de Freiburghaus.