Un collectif d'associations a dénoncé mercredi dans un rapport une «répression accrue» à l'encontre des travailleuses du sexe à Paris, en amont des Jeux olympiques et paralympiques prévus cet été.
Ces dix-sept organisations, qui accompagnent au quotidien les travailleuses du sexe, dont Act up ou la fédération Parapluie rouge, disent «partager le constat d'une répression accrue et parfois d'une évolution des pratiques policières». «Cette approche qu'on peut qualifier de +tout répressif+ a des conséquences manifestes sur la sécurité et la santé des travailleuses du sexe», ajoutent-elles.
«A l'approche des JO, toutes les associations constatent une recrudescence de ces contrôles ciblés», selon leur rapport, qui déplore que, après des contrôles, des travailleuses du sexe peuvent se voir notifier «des obligations de quitter le territoire français».
«Contrôles musclés»
Certaines associations intervenant dans les bois de Boulogne et de Vincennes, en région parisienne, «parlent de nouvelles patrouilles de police déployées à l'occasion des JO faisant des contrôles musclés des femmes qui exercent le travail sexuel», ajoutent les auteurs.
«Il est regrettable qu'autant d'énergie et d'argent soient dépensés à réprimer des femmes précaires (...) plutôt qu’à lutter contre les organisations criminelles qui les braquent, les volent et les agressent», fustigent les associations.
Les pouvoirs publics redoutent une recrudescence de la clientèle de la prostitution à l'occasion des JO. En avril 2023, la sénatrice Laurence Rossignol avait affirmé que la Coupe du monde de football au Brésil en 2014 «avait provoqué une hausse de 30% de la clientèle».
Une corrélation entre grands événements sportifs et hausse de la clientèle est toutefois démentie par les associations, qui s'appuient sur une étude de l'Alliance globale contre la traite des femmes (GAATW) datée de 2011: les mesures sécuritaires comme les fermetures de rues tendraient plutôt à éloigner les clients pendant les grands évènements sportifs.
Amende
«Contrairement aux présupposés, les travailleuses du sexe ne sont pas en train d'arriver massivement à Paris où les prix des loyers ne cessent d'augmenter à l'approche des JO: elles sont poussées à aller travailler dans d'autres villes», décrivent les associations.
Parmi leurs recommandations, elles demandent notamment l'abrogation des lois contraignant les propriétaires à l'expulsion des travailleuses du sexe, celles-ci exerçant aujourd'hui majoritairement en appartement. Près de 40.000 personnes sont en situation de prostitution en France, dont 15 à 25% de mineurs, d'après un rapport du Sénat de 2023.
En France, cette activité est tolérée par la loi, mais le proxénétisme est passible d'emprisonnement et le recours aux services d'une travailleuse du sexe sanctionné par une amende.