Mujinga Kambundji Mujinga Kambundji: "Je suis curieuse de voir ce que je vaux"

ATS

7.7.2020 - 09:07

Sportive suisse de l'année 2019, Mujinga Kambundji lance sa saison jeudi au Letzigrund à l'occasion des Inspiration Games.

«Je n'ai plus couru de 150 mètres depuis 10 ans. Je réussirai certainement mon record personnel», glisse-t-elle le sourire aux lèvres.

«Je veux avant tout prendre du plaisir à Zurich», où la pandémie de coronavirus a contraint les organisateurs du Weltklasse à innover. «Ca sera cool pour les athlètes comme pour les téléspectateurs. Je suis curieuse de voir ce que je vaux», poursuit la Bernoise, qui a accueilli Keystone-ATS au Wankdorf, à l'issue d'un entraînement.

Mujinga Kambundji se mesurera à distance sur 150 m à la Bahaméenne Shaunae Miller-Uibo, qui courra à Bradenton en Floride, et à l'Américaine Allyson Felix, en lice à Walnut en Californie. Avec quelques certitudes: «Je me sens de mieux en mieux à l'entraînement, je fais les choses de plus en plus vite», glisse-t-elle.

«Mais je suis en phase de pré-compétition. Je vois que ça fonctionne à l'entraînement, mais il est impossible de comparer mon état de forme avec celui que j'avais l'an dernier ou de prédire pour l'instant une quelconque performance chronométrique», tempère la médaillée de bronze du 200 m des Mondiaux 2019.

«Je serai plus rapide dans un mois», assure une Mujinga Kambundji qui a pour l'heure fait des championnats de Suisse (11/12 septembre à Bâle) et du meeting de Bellinzone (15 septembre) ses deux grands objectifs de l'année. Alors qu'il y a moins de quatre mois, elle espérait encore briller aux JO puis aux Européens de Paris cet été.

Bête de compétition, Mujinga Kambundji doit donc se contenter d'une saison de transition, alors que 2020 aurait pu lui permettre de confirmer sa médaille conquise à Doha l'automne dernier. «C'est une année vraiment spéciale, sans grand championnat. Il s'agit de se concentrer sur de plus petites compétitions», lâche-t-elle.

«Il n'y aura pas de grande performance dans un grand événement cette année. Mais on peut aussi réaliser de belles choses dans de plus petits meetings», se réjouit la Bernoise, qui a établi ses records nationaux du 100 m (10''95) et du 200 m (22''26) lors des deux dernières éditions des championnats de Suisse.

Ravie des efforts fournis par les organisateurs – notamment suisses -, la médaillée de bronze du 60 m des Mondiaux en salle 2018 saura se satisfaire du programme aminci de meetings qu'offrira 2020. «Pour l'instant je prévois de rester en Suisse. Mais je reste ouverte. Il faut être flexible et prendre ce qui viendra», souffle-t-elle.

Envisage-t-elle tout de même quelques escapades à l'étranger? «Tout dépendra de l'évolution de la situation sanitaire. Si les règles sont bien respectées, comme c'était le cas à Oslo (réd: théâtre des Impossible Games le 11 juin) et comme ça le sera à Zurich, je peux m'imaginer voyager à l'étranger», assure-t-elle.

«Mais je pourrais parfaitement rester en Suisse s'il n'est pas indispensable de voyager», nuance Mujinga Kambundji, qui ne prendra évidemment aucun risque inutile à un an des Jeux olympiques de Tokyo, consciente de bénéficier d'excellentes conditions compte tenu des circonstances.

«La concurrence est bonne en Suisse», souligne la Bernoise, qui aura certainement l'opportunité de croiser le fer avec ses partenaires du relais 4x100 m Salomé Kora, Ajla Del Ponte et Sarah Atcho durant la saison estivale helvétique. «Quelques athlètes étrangères pourront aussi certainement courir en Suisse», ajoute-t-elle.

«J'ai appris à m'écouter»

«Et les infrastructures d'entraînement y sont bonnes, la météo aussi», explique une Mujinga Kambundji qui, à 28 ans, a suffisamment d'expérience pour gérer au mieux cette année si particulière. «J'ai pu m'entraîner tous les jours pendant le semi-confinement, en faisant quelques ajustements», glisse-t-elle.

En ce moment, la Bernoise se prépare essentiellement sous la férule d'Adrian Rothenbühler. Ses contacts avec son autre coach Steve Fudge, établi à Londres, se limitent pour l'heure à des vidéoconférences ou à des coups de téléphone. «J'ai de toute manière l'habitude de m'entraîner en solitaire», précise-t-elle.

«J'ai appris à m'écouter et à prendre mes propres décisions», enchaîne Mujinga Kambundji, qui ne regrette pas une seconde d'avoir fait l'impasse sur la dernière saison en salle («les Mondiaux ont été très vite annulés», rappelle-t-elle). Et encore moins d'avoir renoué avec ses études en économie pendant le semi-confinement.

«Je pensais reprendre après ma carrière. Là, j'espère les finir en cours de carrière», s'enthousiasme la Bernoise, qui a passé des examens en juin. «Ce n'est pas le même stress qu'en compétition. Mais ça m'a fait du bien de me concentrer sur autre chose. Je voulais utiliser le temps disponible de manière productive.»

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