Le Tour de France arrivera à Nice en 2024, désertant Paris pour la première fois depuis plus d'un siècle en raison des Jeux olympiques, et se terminera sur un contre-la-montre individuel, 35 ans après le légendaire duel Lemond-Fignon.
Comme c'est généralement le cas dans une année olympique, le départ de cette 111e édition, qui devrait avoir lieu pour la première fois en Italie -à Florence-, sera par ailleurs avancé d'une semaine. La course partira donc le 29 juin et arrivera le 21 juillet sur la côte d'Azur, cinq jours avant le début des JO dans la capitale, ont indiqué jeudi la ville de Nice et les organisateurs.
Que le Tour de France arrive à Nice en 2024 était acté depuis un moment, alors que les Jeux de Paris (26 juillet-11 août) vont chambouler le programme sportif estival. En juillet, la ministre française des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait indiqué que, pour éviter «la dispersion des forces de sécurité» à cette période, «l'arrivée du Tour de France sera un peu anticipée et ne se fera probablement pas à Paris mais plutôt à Nice».
Ce n'en est pas moins une petite révolution puisque la plus célèbre course du monde s'est toujours terminée à Paris jusque-là, à l'exception des deux premières éditions, en 1903 et 1904, avec des arrivées à Ville d'Avray (Hauts-de-Seine). Par la suite, elle est arrivée d'abord au Parc des Princes (de 1905 à 1967), puis au vélodrome de la Cipale (1968 à 1975) et depuis 1975 sur les Champs-Elysées.
«Décor exceptionnel»
Le choix de Nice s'est imposé rapidement. Il fallait une grande ville pour finir et la cité azuréenne a l'habitude de travailler avec les équipes d'Amaury Sport Organisation (ASO), notamment avec l'arrivée chaque année du Paris-Nice et dernièrement le Grand Départ du Tour de France 2020, décalé en septembre en raison du Covid-19.
Le maire de Nice «Christian Estrosi avait été le premier à accepter qu'on bouge de deux mois, explique le directeur du Tour, Christian Prudhomme, à l'AFP. On ne l'a pas oublié, mais 2024 c'est d'abord parce que Nice le mérite. Nice est une ville qui rayonne, connue mondialement. Il y a la beauté du cadre et la montagne à côté. La ville offre un décor exceptionnel et un terrain d'expression formidable pour les champions qu'on va utiliser.»
Pour ce Tour pas comme les autres, les organisateurs prévoient ainsi un «week-end final en feu d'artifice» sur la Côte d'Azur avec d'abord, le samedi, une étape «orientée montagne» au départ de Nice. Puis, le lendemain, en guise d'ultime juge de paix, un contre-la-montre individuel qui pourrait partir de Monaco.
Les 8 secondes de 1989
Ce sera la première fois que le Tour se termine sur un chrono depuis le dénouement mythique de 1989 où le Français Laurent Fignon, aujourd'hui décédé, avait perdu le maillot jaune pour huit secondes, entre Versailles et les Champs-Elysées, soit le plus faible écart de l'histoire du Tour, face à l'Américain Greg Lemond.
«A partir du moment où on était ailleurs qu'à Paris, il y avait une évidence de faire que la dernière étape offre potentiellement un retournement de situation. Si ça se joue pour neuf secondes en 2024 on n'en voudra à personne», s'amuse Prudhomme.
Généralement, le dernier contre-la-montre est placé à l'avant-dernière étape, même si c'est loin d'être toujours le cas. L'année prochaine, il aura par exemple lieu le mardi, soit à cinq jours du terme.
En 2024, il y aura donc a priori de l'enjeu jusqu'à l'ultime seconde pour les leaders du classement général, alors qu'actuellement la dernière étape ressemble surtout à un critérium où les coureurs sabrent déjà le champagne.
Christian Prudhomme ne veut pas dévoiler à ce stade le profil du chrono de Nice, indiquant seulement qu'il «ne fera pas dix kilomètres» et que «ce serait dommage qu'il soit tout plat».
Il aura lieu le jour de la fête nationale en Belgique, l'occasion rêvée d'y voir à l'oeuvre le prodige belge Remco Evenepoel, grand spécialiste du chrono, qui doit faire ses débuts sur le Tour en 2024, ajoute-t-il.
En 2025, le retour à la normale est déjà programmé, d'autant qu'on aura quelque chose à fêter. «On sera ravis de retrouver Paris et les Champs-Élysées pour les 50 ans de la première arrivée» sur la célèbre avenue parisienne, souligne le directeur du Tour.