Après l'Allemagne avec Tauberbischofsheim, la France a décidé d'annuler vendredi l'étape de Coupe du monde de Saint-Maur-des-Fossés, prévue en mai et qualificative pour les JO 2024, signe que la décision de la Fédération internationale d'escrime de réintégrer Russes et Bélarusses passe mal.
Le communiqué de la Fédération française d'escrime ne fait pas de mystère sur la raison de sa décision: elle se trouve «dans l'incapacité d'honorer les demandes de la Fédération internationale d'escrime (FIE), relatives à l'accueil des sportifs russes et bélarusses».
Par conséquent, l'étape d'épée hommes prévue à Saint-Maur-des-Fossés du 19 au 21 mai est annulée. Charge désormais à la Fédération internationale de reprogrammer cette étape.
Depuis le 10 mars, la FIE a décidé d'autoriser à nouveau la présence d'escrimeurs et escrimeuses russes et bélarusses, sous réserve d'une décision du Comité international olympique (CIO).
Ce dernier a émis mardi plusieurs recommandations pour réintégrer les Russes et les Bélarusses dans le sport mondial, un peu plus d'un an après une mise au ban totale à la suite de la guerre déclenchée par l'armée russe en Ukraine le 24 février 2022.
L'instance olympique basée à Lausanne a recommandé la réintégration sous bannière neutre et sous certaines conditions de neutralité, des sportifs russes et bélarusses dans les compétitions sportives internationales, mais uniquement dans les épreuves individuelles.
Cela exclut la Russie et le Bélarus pour moitié des épreuves d'escrime au programme olympique, et réduit considérablement le nombre de tireurs potentiellement qualifiables (six au maximum contre dix-huit).
Regards tournés vers Poznan
Autre condition majeure imposée par le CIO, les sportifs russes ne devront pas avoir de lien avec l'armée, dans un pays où le CSKA - Club de sport central de l'armée russe - a fourni 45 des 71 médaillés russes aux JO 2020 de Tokyo.
L'Ukraine a décidé de boycotter toute épreuve d'escrime à laquelle des Russes seront autorisés à participer.
La décision de la FIE a visiblement du mal à passer, du moins elle n'a pas vraiment recueilli l'unanimité lors de son congrès réuni exceptionnellement pour l'occasion.
Ainsi, avant la décision française, la Fédération allemande avait renoncé à l'étape de Coupe du monde de fleuret femmes à Tauberbischofsheim du 5 au 7 mai, qualificative pour les JO 2024, tout comme la Fédération danoise pour une épreuve satellite (niveau en dessous de la Coupe du monde).
De surcroît, plus de 300 escrimeurs, parmi lesquels des médaillés olympiques comme l'Américaine Lee Kieffer (en or au fleuret en 2021), la Française Manon Brunet Apithy (en bronze à Tokyo au sabre) ou l'Ukrainienne Olga Kharlan (en or au sabre en 2008) ont demandé mardi, avant les recommandations du CIO, de maintenir l'exclusion des Russes.
La phase de qualification pour les Jeux de Paris débute pour l'escrime en avril 2023 et s'étend sur douze mois avec pour chaque arme cinq épreuves de Coupe du monde et trois Grands Prix, qui attribuent les plus «gros» points.
Regards vers la Pologne
Les regards sont désormais tournés vers la Pologne, qui va accueillir la première épreuve qualificative, en fleuret chez les femmes, dans trois semaines (21-24 avril) à Poznan, comme l'a confirmé dans un communiqué publié jeudi la fédération polonaise.
«Notre intention est toujours d'organiser cette Coupe du monde en respectant la réglementation édictée par les participants russes et bélarusses par la Fédération internationale», a indiqué son président Tadeusz Tomaszewski, précisant que Russes et Bélarusses devront notamment «signer une déclaration où elles indiqueront qu'elles ne soutiennent pas la guerre en Ukraine».
Reste qu'il n'est pas à exclure qu'une escrimeuse refuse d'affronter durant le tournoi une adversaire russes ou bélarusse, pour protester contre sa présence.
Autre rendez-vous qui sera suivi de près, les Championnats d'Europe, également qualificatifs pour les Jeux, qui auront lieu aussi sur le sol polonais, à Cracovie, dans le cadre des Jeux européens du 24 au 30 juin.