Philipp Bandi, le chef du sport d'élite de Swiss Athletics, tire un bilan positif des Championnats du monde de Budapest. Mais «nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers», souligne-t-il.
Dix des 23 Suisses engagés dans une discipline individuelle sur la piste ont passé les séries ou les qualifications – l'heptathlonienne Annik Kälin n'en disputait pas. Seuls les sprinters de haies Ditaji Kambundji (7e) et Jason Joseph (7e) sont allés jusqu'en finale, ce qui représente un taux de réussite de 25% (2/8).
Pour Angelica Moser à la perche (5e) et Simon Ehammer au saut en longueur (9e), le fait de passer les qualifications était synonyme d'accès à la finale. Parmi les trois relais, seules les femmes du 4x100 m ont atteint la finale, au cours de laquelle elles ont été disqualifiées pour une transmission effectuée hors zone.
Lors des Mondiaux 2022 à Eugene, la délégation suisse avait obtenu sept classements dans le top 8, un nombre jamais atteint à ce niveau. Mujinga Kambundji en avait obtenu deux, mais elle n'était pas au meilleur de sa forme à Budapest en raison d'une inflammation persistante du fascia plantaire et n'a participé qu'au 100 m (13e).
De plus, Annik Kälin, 6e de l'heptathlon à Eugene, a dû abandonner après deux disciplines pour des raisons de santé. De ce point de vue, le bilan dans la capitale hongroise est tout à fait honorable.
«Tout doit être parfait pour une médaille»
Le fait qu'il n'y ait pas eu de dixième médaille pour la Suisse dans des Mondiaux en plein air n'inquiète pas Philipp Bandi : «Tout doit être parfait pour une médaille, ce qui n'a pas été le cas ici. Cinq places en finale (il compte Ehammer parmi elles), c'est un bilan positif, car on a vu que le niveau est très élevé dans ce sport universel qu'est l'athlétisme.»
Seules Angelica Moser (4m75) et Léonie Pointet (23''16 sur 200 m) ont réussi un record personnel dans le camp helvétique, alors que Lore Hoffmann (800 m) et Julien Bonvin (400 m haies) ont réalisé leur meilleur chrono de la saison. Un bilan plutôt maigre. «J'aurais encore espéré l'une ou l'autre place de demi-finaliste en plus», convient Bandi.
Sans surprise, la 5e place d'Angelica Moser constitue le point fort de ces joutes côté suisse. Philipp Bandi souligne aussi la présence en finale du relais 4x100 m dames, qui a pourtant dû se passer de Mujinga Kambundji et d'Ajla Del Ponte (saison interrompue). «C'est une belle histoire, qui témoigne du réservoir que nous avons désormais dans ce domaine», se réjouit-il. De manière générale, les projets de relais de la fédération portent d'ailleurs leurs fruits.
Problème chronique dans les lancers
Avec 37 athlètes, la délégation suisse n'a jamais été aussi importante qu'à Budapest dans des Mondiaux. Swiss Athletics n'était toutefois pas représentée dans les disciplines de lancer. «C'est un problème que nous avons», concède Philipp Bandi. Selon lui, il faudrait surtout davantage d'entraîneurs spécialisés. Un entraînement musculaire ciblé devrait aussi être pratiqué plus tôt.
En ce qui concerne la professionnalisation des entraîneurs, il y a encore une marge de progression. Il faut continuer à investir dans ce domaine afin de décharger encore plus les clubs. Tout cela coûte toutefois de l'argent. «Une stratégie consisterait à ne rien proposer du tout, mais nous ne pouvons pas nous le permettre dans une Suisse aussi diversifiée», explique Bandi. «Nous avons remis en question le système des Swiss Starters, mais nous voulons continuer à maintenir un cadre important et à offrir des opportunités.»
Quoi qu'il en soit, la voie suivie est la bonne, comme le montrent les succès remportés lors des grands événements de la relève. A Budapest, l'âge moyen de l'équipe suisse était de 25 ans. Les figures de proue Ditaji Kambundji, Simon Ehammer et Jason Joseph ont respectivement 21, 23 et 24 ans, Angelica Moser en a 25. Tous les quatre devraient donc rester longtemps dans l'athlétisme et n'ont pas exploité tout leur potentiel. Loin de là.
Les perspectives sont donc excellentes. Il s'agit maintenant pour Swiss Athletics de veiller à ce que de nouveaux moyens soient générés, «afin que nous puissions continuer à alimenter le développement», lâche Bandi. «Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers malgré la vague de succès.»