Banderoles, silence et musique, maillot des All Blacks floqué du mythique no 10... Les stades du monde entier ont prolongé samedi l'hommage rendu à Diego Maradona depuis la disparition de l'idole du football argentin, mercredi à 60 ans, avec des scènes parfois poignantes.
L'émotion était ainsi au rendez-vous à Newcastle, ville de la côte est australienne choisie pour accueillir la rencontre de Rugby Championship entre la Nouvelle-Zélande et l'Argentine. Sous la clameur des spectateurs, le capitaine néo-zélandais Sam Cane s'est avancé respectueusement dans le rond central pour y déposer le maillot noir des All Blacks portant le no 10 et le nom de Maradona, avant d'effectuer le traditionnel haka.
«Je pense qu'il est une légende pour tout le monde, mais en Argentine, il était presque un dieu», a déclamé l'entraîneur des Pumas, Mario Ledesma, peu avant le coup d'envoi.
Silence rompu, larmes à l'oeil
Dans le stade Mestalla vide de tout public, en Espagne, l'entraîneur argentin de l'Atlético Madrid Diego Simeone a été le seul à rompre la minute de silence pour applaudir chaudement son ex-partenaire, debout, les yeux humides et rivés vers le portrait de Maradona affiché sur l'écran géant. Celui qu'on surnomme «El Cholo» avait partagé une saison avec «El Pibe de Oro» à Séville en 1992-1993 ainsi que plusieurs matches avec la sélection albiceleste entre 1988 et 1994.
Avec le Barça, qu'il entraîne désormais, l'ex-défenseur néerlandais Ronald Koeman a affronté une fois l'ancien fantasque no 10 lorsque celui-ci portait le maillot de Séville, justement. «Je me souviens qu'il était arrivé en retard à l'échauffement, j'étais presque plus attentif à lui qu'à mon échauffement», s'est remémoré l'actuel entraîneur des Blaugranas samedi devant la presse, heureux d'avoir «eu la chance de jouer contre lui» et triste que l'Argentin «soit parti à 60 ans».
En Angleterre, dans un pays où l'image du meneur de jeu argentin est associée à sa main lors de l'élimination en quart de finale du Mondial-1986 – un match rediffusé vendredi soir en intégralité par la BBC -, la Premier League s'est associée au deuil mondial.
L'image marquante est sans conteste celle de l'entraîneur d'Everton, Carlo Ancelotti, les yeux embués de larmes et les lèvres pincées pour contenir l'émotion, avant le match contre Leeds samedi. «C'était mon adversaire et il est devenu mon ami», avait rappelé la veille l'ancien joueur de la Roma puis de l'AC Milan, qui a croisé l'Argentin du Napoli sur les terrains de Serie A. «C'est une grande perte pour le football, mais son souvenir est toujours là».
En Italie, où les joueurs portaient un brassard noir, une image de Maradona s'est affichée sur les écrans géants durant la minute de silence précédent le coup d'envoi, puis pendant soixante secondes à la 10e minute de chaque rencontre. En outre le buteur du jour de Benevento (ville qui se trouve en Campanie, région de Naples) contre la Juventus, Gaetano Letizia, a dédié son but à Maradona. «Pour moi, tous les numéros 10 devraient être retirés dans le foot», a-t-il déclaré sur Sky Sport.
«M», mano de Dios et no10
En France, des banderoles distinctes disant «Adios» au génie argentin ont agi comme un trait d'union entre les rivaux historiques du Paris SG et de l'Olympique de Marseille.
Au Parc des Princes, le drapeau argentin a été déployé sur le toit et l'ambassadeur d'Argentine en France, Leonardo Constantino, a été invité pour la réception de Bordeaux. Quant aux joueurs parisiens, ils portaient à l'échauffement un t-shirt à l'effigie du «Pibe de oro», à l'instar de ceux de Séville.
Au Vélodrome, le traditionnel «Jump» qui accompagne l'entrée des Marseillais depuis 35 ans a été remplacé comme partout ailleurs en championnat par un extrait du film biographique d'Emir Kusturica où Diego chante lui-même «La mano de Dios».
La Ligue française de football a également invité les joueurs à former le «M» de Maradona avant le coup d'envoi.
Répondant à Koeman qui affirmait que «le meilleur hommage» consistait à «montrer ce que l'on sait faire sur le terrain», l'attaquant argentin de l'OM Dario Benedetto a profité de la réception de Nantes pour inscrire son premier but de la saison. Sa célébration ? Un immense sourire et les 10 doigts bien écartés en hommage au plus célèbre et au plus regretté des no10.