Julien Bonvin vivra ses premiers Mondiaux à Budapest (19-27 août). Seul athlète romand masculin sélectionné en individuel pour ce grand rendez-vous estival, le Valaisan vise une place en demi-finales sur 400 m haies.
«Je n'ai pas encore la force et la vitesse nécessaires pour pouvoir courir de manière relâchée en qualifications», concède d'emblée le triple champion de Suisse en titre, qui s'est confié à Keystone-ATS à l'occasion du meeting Citius de Berne vendredi dernier.
«Les séries qualificatives (réd: prévues le dimanche 20 août), ce sera ma finale», lâche-t-il. «L'objectif sera de m'approcher de mon record personnel et de passer un tour. Je serai satisfait si je me hisse en demi-finales», poursuit le 7e des Championnats d'Europe de Munich 2022.
«Mais j'étais déjà supposé m'arrêter en demi-finales à Munich», sourit Julien Bonvin, qui avait créé la surprise l'été dernier en Bavière en s'invitant dans le top 8 continental grâce à deux courses remarquables (49''41 en séries, 49''10 en demies). «Tout est possible dans un grand championnat» rappelle-t-il.
«Il s'agit d'être en forme le jour J. J'y suis parfaitement parvenu lors des championnats de Suisse à Bellinzone», où il s'est paré d'or en 49''47 le 30 juillet. «Je n'étais pas favori, mais j'ai réussi à battre Dany Brand (réd: qui s'est classé 3e) tout en réalisant mon meilleur temps de l'année», se réjouit-il.
«Une belle marge de progression»
L'athlète du CA Sierre a de quoi aborder en confiance ces Mondiaux, son grand objectif de l'année. Il est monté tranquillement en puissance tout au long de la saison estivale. «Je n'étais pas très en forme en début de saison, mais c'était prévu. Je n'arrivais ainsi pas à passer les six premières haies en 13 foulées», souligne-t-il.
«Je ne faisais que cinq haies en 13 foulées jusqu'aux championnats de Suisse, où j'ai à nouveau pu appliquer le schéma de course qui m'avait permis de réussir mon meilleur temps à Munich: six haies en 13 foulées, deux en 14 et le reste en 15», précise-t-il. «Il s'agit de perfectionner cela jusqu'aux Mondiaux», lâche-t-il.
«A Bellinzone, ça s'était bien passé en finale, mais je n'étais pas parti très vite. J'ai une belle marge de progression», se réjouit cet ancien footballeur, qui s'était essayé au 110 m haies et au 400 m plat avant de passer au 400 m haies. «J'étais un peu trop petit pour les haies hautes», s'amuse-t-il.
«J'ai une très bonne vitesse, mais sur une longue durée», estime Julien Bonvin, dont la progression est spectaculaire: son record personnel n'était ainsi que de 51''15 à l'automne 2020. Il l'a «explosé» en 2021, passant pour la première fois sous les 50 secondes en finale des Championnats de Suisse 2021 à Langenthal.
Gérer la pression
De quoi engendrer de nouvelles attentes pas faciles à gérer. «J'étais double champion de Suisse, j'avais battu Kariem Hussein (réd: champion d'Europe 2014 et 3e des Européens 2016), et je me suis mis beaucoup de pression avant les Européens de Munich», raconte-t-il.
«J'ai appris à la gérer avec l'aide de ma coach mentale. Maintenant, j'utilise cette pression comme une force et non comme quelque chose qui me tire vers le bas», souligne Julien Bonvin. «Je suis bien lancé pour tout casser aux championnats du monde», enchaîne-t-il.
Le Valaisan a appris à canaliser sa fougue pour pouvoir atteindre son pic de forme au moment opportun. «La planification se fait en deux actes. Il y a d'abord la préparation physique, durant laquelle on ne s'entraîne pas à 100%. Sur mes premières compétitions, je cours à 90-95% de mon potentiel», explique-t-il.
«Il s'agit d'être tranquille dans sa tête afin de se retrouver au top sans être toujours à 100%», poursuit-il. «Le deuxième acte, c'est quand je me mets en mode guerrier, comme maintenant dans l'optique des championnats du monde», enchaîne-t-il.
Une saine émulation
Pour continuer à progresser et accrocher les minima olympiques (48''70), Julien Bonvin compte aussi sur une saine concurrence en Suisse. «On s'entend bien entre spécialistes, notamment avec Dany Brand. On sera tous les deux présents aux Mondiaux, c'est déjà incroyable. On essaie de se tirer vers le haut», glisse-t-il.
«J'espère qu'on sera même trois à pouvoir se qualifier pour les Jeux», souligne le Valaisan, qui se réjouit de l'éclosion de Nahom Yirga (2e des championnats de Suisse en 49''68). Mais qui garde les pieds sur terre. «Tout athlète rêve des JO. Je suis lucide, je sais que je devrai être très rapide simplement pour me qualifier.»