«Des actes antisociaux» Le monde du sumo secoué par des graves accusations

AFP

31.7.2023

Un ancien lutteur de sumo poursuivant en justice les instances de ce sport japonais a témoigné lundi des violences et mauvais traitements qu'il affirme avoir subis dans ce monde «enveloppé de mystère», afin d'inciter d'autres personnes à prendre la parole.

Le monde du sumo est dans la tourmente (photo d’illustration).
Le monde du sumo est dans la tourmente (photo d’illustration).
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Daisuke Yanagihara, 25 ans, dit avoir confié à son maître début janvier 2021 ses réticences à participer à un tournoi, alors qu'un état d'urgence venait d'être mis en place dans le grand Tokyo face à la situation infectieuse.

M. Yanagihara, qui combattait sous le nom de Kotokantetsu, redoutait les conséquences pour sa santé d'une éventuelle infection au Covid-19 en raison de l'opération du cœur qu'il avait subie quelques années plus tôt, mais son maître et l'Association japonaise de sumo (AJS) ne lui ont laissé selon lui que deux possibilités : participer au tournoi ou prendre sa retraite sportive.

«J'étais désespéré», s'est souvenu M. Yanagihara lundi lors d'une conférence de presse à Tokyo, où ses avocats ont rappelé le décès d'un lutteur du Covid en mai 2020.

Expliquant avoir rejoint le monde du sumo à l'âge de 15 ans pour alléger le fardeau de sa mère qui l'élevait seule, il a alors estimé n'avoir «pas d'autre choix» que de le quitter, pour ne pas «lui causer des désagréments et du souci» s'il devait encore être hospitalisé.

M. Yanagihara a intenté en mars dernier un procès civil contre l'AJS et son ancien maître, à qui il réclame quelque 4,1 millions de yens (26.000 euros) de dommages-intérêts pour le préjudice subi. Contactée par l'AFP, l'AJS n'a pas souhaité faire de commentaire.

Obligé à manger de la viande moisie

L'ancien lutteur dit vouloir dénoncer également les mauvais traitements qu'il affirme avoir subi en près de huit ans dans le monde du sumo, où les lutteurs de rang inférieur étaient notamment selon lui «régulièrement obligés à manger de la viande couverte de moisissures vertes», dont un lot périmé depuis cinq ans.

Il dénonce aussi les amendes infligées par le maître aux lutteurs ou les violences physiques et les brimades reçues à l'entraînement de ses aînés: «Faire manger de la viande ou du riz avariés à des mineurs, leur faire manger de la terre et du sel à l'entraînement (...) sont des actes antisociaux», a-t-il estimé.

«En partageant mon expérience, je veux révéler l'état de ce monde qui sous prétexte de culture traditionnelle est enveloppé de mystère», et encourager d'autres lutteurs à prendre la parole, a-t-il expliqué.

Le monde du sumo a été terni par de multiples scandales de violence. En 2009, un ancien maître a été condamné à six ans de prison pour avoir encouragé trois de ses recrues à tabasser un jeune apprenti de 17 ans, qui était décédé de ses blessures.