Malgré la pandémie de Covid-19, le Qatar maintient un calendrier fourni d'événements sportifs. Cela lui sert de répétition à la Coupe du monde 2022 que le riche émirat du Golfe va organiser à grands frais.
Si de nombreux pays ont annulé ou reporté les événements sportifs, le Qatar a au contraire ouvert ses stades flambant neufs et ses hôtels transformés en centres de quarantaine pour des matches de football, de tournois de golf, de tennis, de judo ou de beachvolley, ou encore des courses de moto, parfois même avec des spectateurs.
Dans un pays qui a fait du sport sa vitrine mondiale, ces rendez-vous sportifs sont essentiels à sa stratégie pour diversifier son économie et réduire sa dépendance au gaz et au pétrole, souligne Simon Chadwick, de l'université EM Lyon. «Il est imprudent d'organiser des événements en période de contamination croissante, mais le pays a parié gros sur les événements sportifs», explique ce spécialiste de la géopolitique économique du sport.
Depuis que le Mondial 2022 lui a été attribué en 2010, le Qatar a été accusé de maltraiter les travailleurs migrants, de corrompre les instances sportives pour obtenir des tournois et d'être un hôte inadéquat en raison de la chaleur accablante dans ce pays désertique. Mais Doha et la FIDA assurent que la compétition sera ouverte aux spectateurs du monde entier.
Tous les fans vaccinés
Le Qatar a révélé la semaine dernière être en train de négocier avec les fabricants de vaccins pour s'assurer que tous les supporters soient vaccinés contre le Covid-19. Sa stratégie toutefois montré quelques limites.
Le buteur du Bayern Munich Thomas Müller a été testé positif au Covid-19 avant la finale de la Coupe du monde des clubs en février à Doha, tandis que le joueur de tennis américain Denis Kudla a appris qu'il était positif en plein match du tournoi de qualification, organisé à Doha, pour l'Open d'Australie. Un autre cas a été détecté durant le tournoi de beachvolley. Selon un responsable qatari, les autorités travaillent avec les organisateurs de chaque événement pour «choisir la meilleure option».
«Le modèle de la Coupe du monde des clubs a été très efficace», a-t-il assuré, soulignant que la présence des supporters n'a pas augmenté les taux d'infection.
Test grandeur nature
Pour James Dorsey, auteur du blog le football au Moyen-Orient, cette approche «n'est pas une mauvaise stratégie». «Au moins vous savez ce qui fonctionne», dit-il, ajoutant que la vaccination obligatoire pour assister au Mondial 2022 «serait logique».
Quant à certaines grandes nations du football, qui envoient traditionnellement des milliers de supporters aux Coupes du monde mais qui ont eu du mal à vacciner à l'image du Brésil, elles pourraient être pénalisées, selon James Dorsey.
«Pour la Coupe du monde 2022, des progrès importants sont réalisés en matière de vaccination, tant au Qatar qu'au niveau international. Cela peut augmenter les opportunités pour les visiteurs internationaux», a estimé Andrew Murray, médecin en chef du circuit européen de golf après une visite en mars à Doha.
Le Qatar a connu une nouvelle vague de contamination ces dernières semaines avec près d'un millier de nouveaux cas quotidiens et 386 décès au total. Mais environ 1,2 million de doses de vaccins ont été administrées, selon des données officielles.
Avant le Mondial, le Qatar accueillera en décembre prochain un tournoi de football réunissant plusieurs équipes nationales arabes, qui servira de dernier test grandeur nature.