Le 16 juin, dernier jour du Tour de Suisse 2024, marquera l'anniversaire de la mort de Gino Mäder. Ce cycliste professionnel un peu particulier ne tombera pas dans l'oubli de sitôt.
15 juin 2023. Un coup de feu en l'air met fin à la minute de silence observée à Fiesch le matin avant le départ de l'étape reine en l'honneur de Richard Depoorter, un Belge décédé 75 ans plus tôt dans un tunnel routier mal éclairé dans la descente du col du Susten. Après une chute, il avait été heurté par son propre véhicule d'assistance et était mort sur le coup.
Après un bref arrêt pour le seul décès survenu à ce jour dans le cadre du Tour de Suisse, les coureurs se lancent à l'assaut des cols de la Furka, de l'Oberalp et de l'Albula en cette magnifique journée d'été, une course infernale pour tous ceux qui n'aiment pas grimper sur deux roues. Ce n'est pas le cas de Gino Mäder. Pourtant, ce devait être sa dernière course.
Procédure pénale abandonnée
Dans la descente du col de l'Albula jusqu'à La Punt, Mäder quitte la route dans un virage à gauche et tombe dans le lit caillouteux d'un ruisseau en passant par un talus en pente et un barrage. On ne saura jamais exactement pourquoi. En novembre, le cas a été classé sans suite par le ministère public des Grisons. L'enquête n'a révélé ni l'intervention d'un autre cycliste, ni un défaut du vélo, ni un obstacle sur la route.
Lors du choc, le jeune homme de 26 ans de l'équipe Bahrain-Victorious subit de graves blessures à la tête. Il décède le lendemain à l'hôpital cantonal de Coire en présence de ses parents et de son amie. Lorsque l'annonce parvient au peloton, le monde s'effondre pour beaucoup. Après une course commémorative à Oberwil-Lieli, les organisateurs ont décidé, à la demande expresse de la famille, de poursuivre le Tour. C'est, selon eux, ce que Gino aurait voulu.
Près d'un an s'est écoulé depuis le tragique accident de ce grand espoir suisse. Il reste les nombreux souvenirs d'un homme très apprécié pour son caractère accessible, modeste pour un professionnel de son envergure, très autocritique et ambitieux en conséquence. Gino Mäder était différent. La convivialité était importante pour lui, tout comme l'environnement, qu'il s'était engagé à protéger.
Pas de minute de silence
Gino Mäder et son histoire seront également présents lorsque le Tour de Suisse 2024 débutera dimanche à Vaduz. Il n'y aura toutefois pas de minute de silence, comme celle observée en l'honneur du défunt Richard Depoorter. «Sa famille ne le souhaitait pas, nous respectons son choix», explique Olivier Senn. Depuis l'accident, le directeur de course a toujours été en contact étroit avec les proches. «Pour la famille de Gino, il est important de ne pas pleurer, mais de rester positif.»
Les organisateurs exprimeront leur estime pour Gino Mäder d'une autre manière. Ainsi, le numéro de dossard 44, que Mäder portait l'année dernière, ne sera plus attribué à l'avenir. En outre, le prix de la montagne le plus élevé sera dédié à la fondation #RideforGino, créée après son décès.
Le jour de la mort de Mäder, le 16 juin, une course commémorative aura également lieu. Elle partira d'Aigle à midi et empruntera le parcours du contre-la-montre en montagne que les femmes, puis les hommes, effectueront ce dimanche-là dans le cadre du Tour de Suisse. Ce seront des petits moments de commémoration et non de deuil, car le souvenir de Gino Mäder est toujours vivant.