L'avenir du sport suisse est en jeu. Quelque 80 représentantes et représentants de ses différents secteurs ont abordé sa situation actuelle mardi à Berne à l'occasion d'une «Journée perspectives».
Le projet «Stratégie Economie du sport 5.0» n'en est, évidemment, qu'à ses balbutiements. «Il faut se donner le temps de bien faire les choses», lâche Jürg Stahl, président de Swiss Olympic, à propos d'un projet mené par Ralph Stöckli (responsable des Missions olympiques) et par Hippolyt Kempf (économiste du sport à l'OFSPO). «On a une certaine pression, mais nous devons chercher des solutions durables pour le sport, pour les athlètes et pour les manifestations», poursuit-il.
L'ancien Conseiller national UDC se veut résolument confiant malgré l'ampleur de la tâche. «Je suis encore plus optimiste à l'issue de cette journée que je ne l'étais avant de l'organiser», glisse-t-il. «Au début de la journée, j'étais comme un sportif qui ressent la tension. Mais nous avons trouvé une belle dynamique et avons démontré la force de la famille du sport suisse.»
Une famille qui, comme toutes les familles, est composée de membres aux personnalités forcément différentes. «Certaines fédérations sont bien plus grandes que d'autres. Et il existe aussi de nombreuses manières de gérer la crise. Mais une chose est certaine: ce n'est qu'en travaillant ensemble que nous parviendrons à franchir les prochaines étapes», lâche Jürg Stahl.
«De nombreuses associations dépendent essentiellement de leurs sponsors et se retrouvent donc en grande difficulté en raison de la crise du coronavirus», note ainsi Françoise Jaquet, présidente du Club Alpin Suisse. «Il faut trouver d'autres moyens de fonctionner, afin que ces associations ne se retrouvent pas à nouveau en danger si une nouvelle crise survient», note-t-elle.
Françoise Jaquet a apprécié tout particulièrement cette journée, dont l'un des mots-clés était bien la solidarité. «Cet atelier est déjà un premier signe de solidarité, glisse-t-elle. Aucune fédération n'est seule au monde. Les solutions ne sont pas toujours pareilles, mais on peut les trouver ensemble», acquiesce la Fribourgeoise, qui a déjà «2-3 idées en tête» à développer.
La symbolique de la graine
Présentations et discussions ont permis de dresser un tableau détaillé des besoins et défis du système sportif suisse. «C'était une journée très spéciale, une expérience impressionnante. C'était l'opportunité de parler de manière très ouverte, dans une atmosphère détendue», souligne Jürg Stahl.
Symboliquement, le Zurichois a offert une graine à tous les participants. «En ce moment, nous plantons la graine, nous stabilisons. L'arrosage donnera ensuite l'impulsion. Puis la plante fleurira, et la transformation aura lieu», a-t-il expliqué à l'heure de conclure les débats organisés dans le Stade de Suisse.
Mais cette transformation souhaitée s'annonce bien délicate. Le paquet de 500 millions de francs alloués par le Conseil fédéral pour le sport d'élite et le sport populaire ne contribuera à atténuer les effets de la crise que sur le court terme, a-t-on constaté à Swiss Olympic et à l'Office Fédéral du Sport.
«L'impulsion et la transformation doivent provenir du sport et être mises en œuvre par le sport. Nous devons apprendre à façonner notre futur», explique Jürg Stahl. «Nous devons repenser le sport en Suisse. Il faut se demander ce qu'on peut changer, comment motiver les gens à en faire plus», souligne pour sa part Françoise Jaquet.
Affaire à suivre
Les enseignements de cette «Journée Perspectives» viendront compléter les résultats de nombreuses études et enquêtes déjà menées par la section Economie du sport de la Haute école fédérale de sport de Macolin. Swiss Olympic explique dans un communiqué qu'il entend «utiliser toutes ces connaissances pour élaborer une stratégie sportive complète» dans les mois à venir.
Le sport suisse va donc devoir se réinventer. Et pas question d'opposer sport d'élite et sport de masse du côté des instances dirigeantes. «Sans sport de masse, pas de sport d'élite. Et sans élite, pas de masse. C'est toute la spécificité du sport helvétique», a rappelé Matthias Remund, directeur de l'OFSPO.