Lea Sprunger a onze mois devant elle pour préparer l'ultime grand rendez-vous de sa carrière, les JO de Tokyo. La concurrence ne manque pas même au sein de son groupe d'entraînement.
La Vaudoise a lancé véritablement sa saison samedi à La Chaux-de-Fonds, où elle a laissé échapper la victoire sur 400 m haies mais a signé un chrono encourageant. Ses 55''64 n'ont évidemment rien d'extraordinaire, mais ils constituent une référence solide sur laquelle elle peut tranquillement construire.
Une concurrence «très positive»
La championne d'Europe 2018 et 4e des Mondiaux 2019 ne détient pour l'heure «que» la 8e performance mondiale 2020, alors que les trois médaillées de Doha – Dalilah Muhammad, Sydney McLaughlin et Rushell Clayton – n'ont pas encore couru dans la discipline. Et elle n'est même pas la plus rapide au sein du groupe de Laurent Meuwly.
Ce statut revient désormais à la jeune Néerlandaise Femke Bol qui, à seulement 20 ans, a «claqué» un impressionnant 53''79 (meilleure performance mondiale de l'année) le mois dernier à Papendal. A titre de comparaison, le record de Suisse, que Lea Sprunger s'était enfin approprié en finale à Doha l'automne dernier, se situe à 54''06.
Cette concurrence constitue-t-elle un coup de boost ou amène-t-elle une certaine frustration chez la Vaudoise qui, à 30 ans, n'a pas la même marge de manoeuvre? «Un peu des deux», concède Lea Sprunger. «Je ne suis pas surprise qu'elle coure déjà si vite, car je la vois courir tous les jours à l'entraînement», ajoute-t-elle.
«C'est chouette d'avoir une telle concurrence», poursuit-elle. «J'ai même énormément de chance. Avec Femke, Lieke Klaver (réd: spécialiste du 200 et du 400 m plat) qui est aussi très très forte et possède le même profil que moi, Ajla (Del Ponte) et les garçons, notre groupe est hyper compétitif et performant», se réjouit-elle.
«C'est une chance, car cela me fait sortir de ma zone de confort tous les jours à l'entraînement. C'est d'autant mieux que je suis actuellement à la traîne à tous les niveaux», sourit-elle. «Mentalement, cela demande un peu plus d'énergie, mais cette concurrence est très positive», conclut Lea Sprunger.
«Tout le monde va profiter de cette situation»
Son coach Laurent Meuwly voit évidemment aussi cette concurrence d'un bon oeil. «On m'a engagé pour faire progresser le 400 m et le 400 m haies aux Pays-Bas», rappelle-t-il. «Je suis donc satisfait», souligne le Fribourgeois, selon qui «Lea ne pensait probablement pas que Femke puisse progresser aussi vite.»
Les progrès de Femke Bol ne peuvent selon lui que profiter à Lea Sprunger, dont la force de caractère n'est plus à démontrer. «C'est un bon challenge pour Lea. Cela lui enlève aussi un peu de pression, car elle n'est désormais plus no 1 dans notre groupe», assure le technicien fribourgeois.
«Et je sais que Lea va travailler d'arrache-pied pour être encore plus rapide qu'auparavant», enchaîne-t-il. «Lea et Femke sont deux athlètes très différentes, avec des points forts différents. Parfois c'est l'une qui est devant à l'entraînement, parfois c'est l'autre», précise-t-il.
Laurent Meuwly ne s'attend pas à rencontrer de problème dans la gestion des ego de l'une et de l'autre. «Ce sont deux filles super, qui s'entendent très bien. Ce n'est pas comme si elles avaient des caractères trop forts et trop opposés. Tout le monde va profiter de cette situation», assure-t-il.