Judith Gunion aimerait savoir si elle participera aux Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août), pas en tant que sportive mais en tant que bénévole. Comme des milliers d'autres, cette Britannique est dans le flou en raison de la pandémie de coronavirus.
«Nous sommes censés être inestimables», mais «notre situation est probablement assez basse sur la liste» de priorités des organisateurs, explique à l'AFP Judith Gunion.
Quelque 9600 étrangers, vivant au Japon et hors du Japon, se sont portés volontaires pour les JO, reportés en 2020 d'un an en raison du Covid-19.
Pour cette Britannique de 73 ans qui a déjà réservé ses vols, l'incertitude pesant sur l'événement est angoissante alors que la crise sanitaire n'est pas maîtrisée et que des rumeurs d'annulation des Jeux persistent.
«Tout est en suspens», alors que «j'ai investi de l'argent» dans ce projet, déplore-t-elle depuis Ipswich (Grande-Bretagne) où elle a reçu ce mois-ci la première dose d'un vaccin anti-Covid qui, selon les organisateurs et les autorités japonaises, ne sera pas obligatoire.
Depuis que sa candidature a été retenue en avril 2019, elle est impatiente de contribuer au bon déroulement des épreuves d'athlétisme dans le nouveau Stade national de Tokyo où sa mission sera de faciliter les interviews entre athlètes et journalistes.
Judith Gunion fait partie d'une communauté de volontaires olympiques qui parcourent le monde au gré des JO. Ils ne reçoivent pas un centime, mais apprécient par-dessus tout de participer à leur façon à un événement planétaire, de voyager et de rencontrer des gens du monde entier.
«Positiver»
Sur les 80'000 volontaires, non rémunérés, recrutés pour organiser la quinzaine olympique, environ 12% sont des non-Japonais, originaires de 120 pays et territoires.
La préparation des bénévoles basés à l'étranger s'est poursuivie malgré le report des Jeux. Selon Tokyo-2020, environ 2400 personnes ont ainsi participé à une formation en ligne depuis l'étranger en octobre.
Amirahvelda Priyono, de Surabaya (Indonésie), qui parle l'anglais et le français, sera, elle, interprète en marge des épreuves de cyclisme, un rôle crucial dans un Japon notoirement monolingue. Lorsque les Jeux ont été reportés en mars 2020, «je me suis dit: 'Zut! C'est vraiment nul'» mais «j'ai essayé de positiver», rappelle la jeune femme de 26 ans.
Elle a décidé d'utiliser l'année supplémentaire pour commencer à apprendre le japonais et pour lever des fonds afin de couvrir ses frais de voyage et d'hébergement, mais elle ne réservera pas de vols avant d'avoir reçu son planning fin mars ou courant avril de la part du comité d'organisation.
Apprendre le japonais
«Si c'est annulé, je serai triste et déçue mais, en même temps, je pense que ça sera pour le mieux», admet Amirahvelda Priyono.
Judith Gunion et Amirahvelda Priyono pensent que leur situation se clarifiera au printemps, lorsque les organisateurs décideront d'autoriser ou non les spectateurs.
Mais certains bénévoles, frustrés, ont déjà annulé leur voyage, selon la Britannique. D'autres volontaires basés au Japon rafraîchissent leurs connaissances linguistiques avec l'aide du comité d'organisation.
«Tout le monde apprend des phrases tous les jours en japonais» et un langage des signes simple que tous les volontaires peuvent comprendre, indique Udyot Verma, 26 ans, un informaticien indien vivant à Tokyo qui sera posté dans un stade de boxe.
Mary O'Leary, 61 ans, espère voyager depuis la Grande-Bretagne pour encadrer les épreuves d'équitation, mais elle explique à l'AFP qu'elle «ne se sentira à l'aise» qu'après une vaccination. «C'est un excellent moyen de voir du sport de très haut niveau, sans forcément acheter de billets», explique cette bénévole passionnée de sport.
La semaine dernière, un scandale a secoué le comité d'organisation. Son président Yoshiro Mori, 83 ans, a tenu des propos sur les femmes, trop volubiles selon lui, qui ont provoqué la démission de centaines de volontaires, selon des médias japonais.
Amirahvelda Priyono assure que son enthousiasme n'a pas été douché par cette polémique. «Je sais qu'être sexiste, c'est mal», mais «tout le monde fait des erreurs», insiste-t-elle.
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