Oleksandr Usyk aux Russes «Ils sont tellement malades qu'il est impossible de les atteindre»

ATS

30.1.2023 - 13:27

Alors que son pays est en guerre, l'Ukrainien Oleksandr Usyk, champion WBA, IBF et WBO des poids lourds, a deux combats à mener, a-t-il confié dans un entretien à l'AFP. Il veut unifier la catégorie-reine de la boxe en battant le Britannique Tyson Fury et honorer la mémoire d'un ami, tué par des soldats russes.

Oleksandr Usyk mène deux combats.
Oleksandr Usyk mène deux combats.
Keystone

Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine en février dernier, Usyk a pensé prendre les armes. Il en a été dissuadé, car ses compatriotes ont estimé qu'en tant que star à la renommée mondiale, il pouvait être plus utile sur le ring et en dehors, qu'au front. «Les gars des forces armées m'ont convaincu que je devais me battre pour aider mon pays sur la scène internationale, en parler et apporter des opportunités à l'Ukraine pour la reconstruire», a-t-il déclaré.

C'est dans ce cadre qu'il s'est associé à l'organisation caritative United24 pour une collecte de fonds destinée à redonner son lustre à un immeuble de cinq étages, endommagé à Irpin, dans la banlieue de Kiev. Le boxeur de 36 ans a contribué à hauteur de 205'000 dollars au coût total de 330'000 dollars des travaux de rénovation. «J'ai choisi cette maison par hasard», a-t-il expliqué. «Quand nous sommes venus l'examiner et que nous avons vu à quel point la maison était détruite, j'ai été un peu surpris».

Sa surprise fut encore plus grand lorsqu'il découvrit dans le bâtiment une salle de boxe qui appartenait à Oleksiy Dzhunkivskyi, un ancien camarade d'Usyk en équipe nationale. «Oleksiy Dzhunkivskyi a été abattu par des soldats russes juste dans le hall» du bâtiment, accuse Usyk.

Soldats blessés

Le boxeur, dont la famille vit à Kiev, a aussi été particulièrement ému par la visite d'un hôpital où étaient soignés des soldats blessés. Il les a rencontrés avant son second combat en août dernier contre le Britannique Anthony Joshua, qu'il avait détrôné en septembre 2021.

«C'était touchant parce que certains gars m'ont dit: ‹Alex, tu devrais y aller, te préparer et revenir avec une victoire›. Ces gars, entre dix et quinze, sont venus en Arabie saoudite et m'ont soutenu. Ces soldats, qui se battent depuis le premier jour, nous les avons fait venir pour regarder le combat», dit-il avec fierté.

«Certains avaient perdu des membres et quand je les ai rencontrés la veille du combat, j'ai senti qu'une partie de l'armée ukrainienne était avec moi», poursuit Usyk, qui a conservé ses titres aux points sur décision partagée et a senti qu'il boxait «pour tous ceux qui défendent le pays».

L'Ukrainien de 36 ans qui espère affronter Fury, invaincu comme lui, «à la fin du mois d'avril» pour un combat d'unification, a déjà été confronté à la guerre, puisque son père a été blessé à deux reprises en combattant pour l'armée soviétique en Afghanistan pendant l'occupation qui a duré dix ans, de 1979 à 1989.

Menaces russes

«J'ai vu les conséquences de la guerre (sur lui). Il avait souvent des maux de tête et avait une pression artérielle très élevée», a-t-il rappelé. «Je me souviens que jusqu'au dernier moment, il a fait des cauchemars dans lesquels il appelait les noms de ses camarades qui ont été tués» en Afghanistan.

Le père d'Usyk n'a jamais parlé directement de ses expériences à son fils, mais son message était clair: «Il disait que les choses inhumaines qui se produisent à la guerre sont terribles et il espérait que Dieu interdise que cela se produise pour moi».

Alors que l'invasion est sur le point d'entrer dans sa deuxième année, Usyk, champion olympique 2012 à Londres, a un message pour ses compatriotes. «Mon message à mon peuple indomptable est le coeur jaune-bleu, c'est la force, c'est la victoire (...). Aux voisins (les Russes)... Ils sont tellement malades qu'il est impossible de les atteindre», constate-t-il.

«Ils m'écrivent en grand nombre pour dire que je suis mauvais, que je ne suis pas poli et que je devrais mourir», révèle Usyk. «Les gens malades ont besoin d'être soignés, alors qu'ils se soignent là-bas».