Les meilleurs coureurs cyclistes sont de plus en plus maigres, selon une étude de chercheurs bernois et zurichois. Entre 1992 et 2022, l'indice de masse corporelle moyen des cinq premiers coureurs du classement général d'un grand tour a nettement diminué.
Le sport de haut niveau s'est fortement tourné vers la nutrition ces dernières années pour trouver de nouveaux moyens d'améliorer les performances. Les questions de gestion du poids sont devenues une préoccupation constante, soulignent les auteurs de l'étude, encore en phase de pré-publication.
Les scientifiques des universités de Berne et de Zurich ont analysé l'évolution de l'indice de masse corporelle (IMC) dans le cyclisme professionnel. Ils ont constaté une diminution moyenne de 22,12 à 20,13 en trente ans chez les cinq premiers des trois grands tours cyclistes (France, Italie, Espagne). L'IMC est jugé normal entre 18,5 et 25, selon la définition de l'OMS.
«Un IMC de 20,13 n'est pas mauvais pour la santé et n'indique pas de problèmes de santé futurs», note Alexander Smith, premier auteur de l'étude au Service de psychiatrie forensique de l'Université de Berne, cité dans un communiqué.
La tendance est néanmoins jugée «préoccupante»: la pression de la performance peut conduire à des comportements néfastes, «avec des conséquences négatives possibles pour la santé des athlètes, à court et à long terme», selon le chercheur.
Troubles alimentaires
Des coureurs ont déjà évoqué dans des interviews les problèmes de troubles alimentaires qu'ils ont connus en voulant perdre du poids. Une précédente étude a montré que 46% de l'élite du cyclisme se sentaient mis sous pression dans ce sens.
Le cyclisme n'est pas le seul sport où le gain de poids joue un grand rôle. La Formule 1, le saut à ski, l'aviron ont pris des mesures pour enrayer cette tendance à la baisse de poids.
L'étude suggère que l'Union cycliste internationale (UCI) pourrait s'en inspirer et pendre des mesures supplémentaires, notamment «des campagnes d'éducation plus larges ainsi que des interventions plus proactives, telles que des programmes de dépistage ou des règles basées sur le poids.»
«Il est temps que les instances dirigeantes du cyclisme envisagent de prendre des mesures proactives pour protéger les coureurs», estiment les auteurs dans leurs conclusions.