Le pilote genevois Louis Delétraz (24 ans) a brillé sur les circuits cette année. Il a ainsi remporté le titre de champion en European Le Mans Series (ELMS), qui est la 2e division de l'endurance.
Dans le team belge WRT, Delétraz et ses coéquipiers – le Polonais Robert Kubica (36 ans) et le Chinois Yifei Ye (21 ans) – ont remporté trois des courses au programme dans la catégorie LMP2. Au volant de leur Oreca-Gibson, le trio s'est imposé à Barcelone, Spielberg et Spa. Ils ont aussi brillé lors des 24 Heures du Mans, avec hélas une issue bien cruelle. Interview.
Pour vos débuts à plein temps en endurance, vous gagnez le championnat. Quelle importance donnez-vous à ce succès ?
«Etre champion d'Europe, c'est toujours bon. Surtout que la catégorie LMP2 a beaucoup grandi et suscite un grand intérêt. Le team WRT était rookie, donc cela me rend très fier d'avoir contribué à ce titre. Notre équipage était très soudé. J'ai pris beaucoup de plaisir durant la saison.»
En formule 2, où vous avez couru jusqu'à fin 2020, il fallait apporter un budget conséquent pour rouler. Etait-ce aussi le cas en ELMS ?
«Non, WRT est une équipe professionnelle et j'ai été engagé comme pilote. Je connaissais le patron Vincent Vosse et quand il m'a contacté, je n'ai pas hésité. Je ne regrette absolument pas mon choix.»
Vous avez fait équipe avec Robert Kubica. Avez-vous beaucoup appris du pilote polonais ?
«C'était une super opportunité. Il m'a apporté énormément et est aussi et surtout devenu un vrai ami. On s'appelle très souvent. On partage la même passion. Techniquement, il est très fort, et il sait faire avancer une équipe et parler aux ingénieurs. Son expérience en formule 1, en rallye et en endurance est très précieuse. Et son accident a aussi changé sa vision des choses.»
Votre team a participé aux 24 Heures du Mans, dans le championnat principal d'endurance (WEC). Avez-vous surmonté la terrible déception d'avoir perdu in extremis la victoire en LMP2 ?
«J'ai digéré, mais pas oublié. Je mentirais si je disais ne pas y penser chaque semaine. Je me demande encore pourquoi et comment cela nous est arrivé. C'est irréel. Tomber en panne après 23h58 de course, je m'en souviendrai toute ma vie. Quand c'est arrivé, on s'est regardé dans le stand avec Robert, totalement désabusés. C'était très dur.»
Vous avez en quelque sorte vécu quasiment la même chose que Sébastien Buemi et ses collègues lors des 24 Heures en 2016...
«Oui. Après, Sébastien a gagné trois fois de suite, c'est peut-être bon signe pour moi! J'espère en tout cas...»
Au niveau pilotage, quelles sont les différences marquantes entre une LMP2 et une formule 2 ?
«La LMP2 est plus facile, car il y a une direction assistée. Heureusement d'ailleurs, car les courses sont bien plus longues. Ensuite, les pneus sont très différents, et surtout bien plus résistants qu'en monoplace. Par exemple, au Mans, j'ai fait un relais de 3h35 avec le même train de pneus. Enfin, le fait de partager la voiture avec les coéquipiers change aussi un peu la donne, on doit parfois faire des compromis sur les réglages.»
On arrive au terme de l'année. Quels sont vos plans pour 2022 ?
«Rien n'a encore été signé. Mais c'est très probable que je continue de rouler en endurance, que ce soit en ELMS ou en WEC. J'ai trouvé ma voie. J'ai reçu récemment deux offres pour la formule 2, mais j'ai dit non.»