Mathias Flückiger déborde d'ambition en cette année olympique. Le Bernois n'hésite pas à affirmer ses intentions et se voit désormais comme le numéro 1 suisse, n'en déplaise à Nino Schurter.
Flückiger (32 ans) a mis du temps avant de se hisser parmi l'élite mondiale. Champion du monde M23 en 2010, il a dû attendre 2018 pour fêter un premier succès en Coupe du monde. Il fait désormais partie des candidats crédibles à la victoire lors de chaque épreuve. Il a aussi amassé une intéressante collection de médailles, avec deux en argent aux championnats d'Europe, ainsi qu'une de bronze aux Mondiaux et une autre aux Européens. Mais l'or se refuse toujours à lui.
Le coureur au gabarit plutôt moyen (1m73) en comparaison avec ses rivaux a beaucoup travaillé sur ses points faibles. Et surtout, il est parvenu à trouver la constance nécessaire pour accumuler les bons résultats. Le potentiel du Bernois était connu depuis ses succès chez les juniors. Mais il lui a fallu du temps pour le réaliser parmi l'élite, car il a commis certaines erreurs, se posant trop de questions ou dosant mal ses entraînements.
Ces lacunes appartiennent au passé, car Mathias Flückiger a trouvé le bon équilibre et il fait désormais partie des meilleurs. Lors des trois dernières saisons, il a régulièrement été l'un des adversaires principaux de Schurter. Au point de se sentir prêt à décrocher son Graal cet été à Tokyo. «J'ai franchi un nouveau palier par rapport à l'an passé, physiquement et aussi surtout mentalement. Je parviens aussi à moins expérimenter, ce qui améliore ma constance», explique-t-il.
L'argent n'est pas assez
Ses bons résultats et sa régularité renforcent Flückiger, désormais convaincu de pouvoir lutter avec tous les meilleurs. Signerait-il pour une médaille d'argent ou de bronze à Tokyo? «Non. J'ai déjà montré que je pouvais battre tous les autres.» L'or constitue donc son objectif.
Cette nouvelle attitude n'a pas été accueillie avec un enthousiasme débordant chez Nino Schurter, qui craint peut-être une lutte interne potentiellement dommageable dans le camp suisse. «Si on veut lutter avec un Van der Poel à Tokyo, il faut que le team fonctionne», a glissé le champion olympique grison, qui aura 35 ans jeudi. La question qui se profile est de savoir si l'ambitieux Flückiger ou l'homme à l'incomparable palmarès qu'est Schurter serait prêt à sacrifier ses chances le cas échéant pour favoriser un compatriote..
Schurter ne cache par ailleurs pas que les effets de l'âge commencent gentiment à se faire sentir. «C'est clair, à un moment, tu connais une baisse de régime.» Mais il reste capable de tous les exploits sur un jour. Et lors de la première course de la saison en Coupe du monde à Albstadt, le Grison (2e) a devancé Flückiger (3e).
Tous deux ont été battus par le Français Victor Koretzky, qui est ainsi venu agrandir la liste des favoris pour Tokyo. Flückiger et Schurter ne devront pas seulement surveiller Van der Poel et Tom Pidcock...
Schurter lance un signal
Avec sa 2e place dimanche, Nino Schurter a néanmoins lancé un signal à la concurrence. Le chemin de la victoire passera par lui, surtout dans les courses qui comptent. Sa concentration et son énergie se concentrent sur les JO et le record de 33 victoires en Coupe du monde, détenu par son ancien rival français Julien Absalon: le Suisse n'est qu'à un succès de cette marque, et il entend bien l'égaler puis l'améliorer.
Le champion aux huit titres mondiaux reste motivé. «Je veux prouver aux gens qui pensent que la fin de ma carrière est proche que je suis toujours à mon meilleur niveau.»
La concurrence de son compatriote, tout comme celle avec le phénomène Van der Poel, ne lui cause pas de nervosité. Au contraire, cela le motive encore davantage. Nino Schurter, qui n'a plus gagné en Coupe du monde depuis presque deux ans, n'est peut-être plus le grand dominateur qu'il a pu être. Cela ouvre le spectre des pronostics pour les JO...