Les trois derniers tickets pour l'épreuve par équipe des JO 2024 seront attribués lors des Européens de Milan, et la Suisse fait partie des sept candidats à une place. Le chef d'équipe Michel Sorg se garde de toute euphorie malgré les récents succès obtenus en Prix des nations à St-Gall, Aix-la-Chapelle, Falsterbo et Dublin. «Il peut toujours y avoir des surprises», rappelle-t-il.
Michel Sorg, dans un tel contexte, ne serait-il pas embarrassant d'échouer dans votre quête de ticket olympique face à des nations de second rang ?
«C'est facile à dire vu de l'extérieur. Dans le sport, il peut toujours y avoir des surprises.»
Surprises que vous voulez éviter à tout prix. Quelles précautions avez-vous prises ?
«La planification annuelle est axée sur Milan, les engagements des chevaux et des cavaliers étaient parfaitement coordonnés en ce sens. Nous avons eu une super saison jusqu'à présent, le momentum est de notre côté.»
Dans ce contexte, l'excès de confiance peut-il être une menace ?
«Nous ne commettons certainement pas cette erreur. Le billet olympique ne va pas de soi.»
Les bons résultats de cet été, une équipe au complet, rodée et expérimentée : tout cela vous rassure certainement. La pression n'en est-elle pas plus importante ?
«Je n'aime pas trop entendre le mot pression. Adrénaline me plaît davantage. Nous sommes des compétiteurs, nous voulons montrer beaucoup de parcours sans faute ! Nous nous rendons à Milan en tant que tenants du titre, nous pouvons aussi penser à une médaille. Si nous nous montrons performants, le ticket olympique suivra.»
La Suisse fait partie des six meilleures nations en saut d'obstacles avec l'Allemagne, la Suède, les Pays-Bas, la France et les Etats-Unis. Qu'est-ce qui nous distingue en tant que petit pays ?
«Nous avons des dynasties de cavaliers : l'un de nos membres s'appelle Guerdat (Steve), l'autre Fuchs (Martin). Ces familles sont liées au saut d'obstacles depuis plusieurs générations déjà. Deuxième atout : les propriétaires de chevaux. En Suisse, les mécènes investissent dans l'équitation, et ils le font pour le sport et pas pour l'argent. Sans un cheval fort, le cavalier reste à pied. Et troisième atout : les structures professionnelles dans le domaine de la relève permettent à des talents extérieurs à la scène équestre de prendre pied dans notre sport. Edouard Schmitz en est un exemple. Et je mentionnerai tout particulièrement Thomas Fuchs, que beaucoup considèrent comme le meilleur entraîneur du monde. Toutes les nations le prendraient.»
En saut d'obstacles, la Suisse est en excellente position. Pourquoi sommes-nous à la traîne dans les autres disciplines olympiques ?
«En concours complet, le ticket olympique est validé, la Suisse était cinquième aux championnats d'Europe. Avec un rajeunissement du groupe, il y a beaucoup de dynamisme. En dressage, il faut plus de temps, pour Paris, ce sera serré. L'avantage du saut d'obstacles, c'est que nous avons des locomotives puissantes qui stimulent la relève.»
Lors du congrès de la Fédération équestre internationale (FEI), vous serez selon toute vraisemblance élu au Jumping Committee. Dans quels domaines mettrez-vous l'accent au sein de cet organe ?
«Je veux m'impliquer dans le sport, m'engager et le faire progresser de l'intérieur. Trois points figurent actuellement à mon agenda: premièrement, nous avons besoin de plus de clarté dans notre sport. Les différentes séries sont une source de confusion. Deuxièmement, nous devons veiller à l'acceptation du sport équestre. Et troisièmement, il s'agit de mieux positionner le sport équestre, également sur le plan médiatique. En Suisse, la situation est encore bonne à cet égard en comparaison avec d'autres nations.»
Vous êtes directeur de la fédération nationale depuis le printemps dernier, et la double casquette avec le poste de chef d'équipe n'est pas tenable à long terme. Connaissez-vous déjà votre successeur ou votre successeure ?
«Je peux juste dire qu'une décision préalable, qui peut influencer le bal des candidats, a été prise : Thomas Fuchs reste entraîneur de l'équipe. Nous cherchons donc un manager à ses côtés.»