Une cinquantaine de personnes, selon la police, ont manifesté samedi à l'appel d'associations écologistes contre un projet de création d'un stade de biathlon dans la station de basse montagne du Champ du feu (Bas-Rhin), où l'enneigement se raréfie progressivement.
A 1099 mètres d'altitude, à l'orée du massif des Vosges, le Champ du feu est le point culminant du département, tandis que la station se trouve entre 900 et 1060 mètres d'altitude.
Un projet de modernisation de la station, porté par la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), prévoit notamment la création d'hébergements, de parkings ou d'un champ de luge, pour un montant total de 8 millions d'euros.
Mais l'implantation, pour la moitié du budget et sur une emprise de trois hectares, d'un nouveau stade de biathlon accessible été comme hiver, en plus du réaménagement de certaines pistes de ski nordique existantes, cristallise le mécontentement d'associations écologistes.
Le Chaudron des alternatives, Vallée debout et Nature et Vie y voient un «projet dispendieux, anachronique et inopportun», qui aboutira à une «pression accrue des activités humaines sur l'ensemble du vivant».
«Activité sans avenir»
«Il y a un acharnement à sauver les sports d'hiver en montagne alors qu'il y a très peu d'enneigement sur les Vosges», regrette Eloi Navarro, membre du Chaudron des alternatives. «Cela n'a plus aucun sens d'empiéter sur des zones naturelles pour développer une activité sans avenir.»
Selon Monique Houlné, référente du projet à la CEA, les pistes existantes étaient suffisamment enneigées pour être praticables «entre 15 et 20 jours» pendant l'hiver 2023/24, «particulièrement» doux. Mais «on était à 120 jours il y a deux ans», souligne-t-elle. Le Chaudron des alternatives ne dénombre que 28 licenciés en biathlon dans le département.
«Nous ne connaissons pas le chiffre précis, nous recensons une centaine d'usagers», dément Monique Houlné. «Mais quand vous avez un outil obsolète, qui ne donne pas envie, difficile de susciter des vocations», ajoute-t-elle.
Elle assure que diverses études pourraient encore faire évoluer le projet, qui doit faire l'objet d'une enquête publique probablement «au premier trimestre 2025». «Si on a un pourcentage très important de participations qui sont contre, il faudra bien qu'on suive le résultat», a-t-elle assuré.
«Mais aujourd'hui, est-ce qu'on doit enterrer ce sport qui pourra encore se pratiquer ici en été, et sans doute pendant encore 20 ans en hiver?», interroge-t-elle. «C'est la question qu'on doit se poser.»