«Nous n'avons jamais triché». Le couple de navigateurs Clarisse Crémer et Tanguy Le Turquais a vivement démenti jeudi avoir enfreint les règles de l'assistance aux skippers lors du dernier Vendée Globe (2020-2021).
Dimanche dernier, un mail anonyme a été adressé à la Fédération Française de Voile (FFVoile) pour accuser Le Turquais, resté à terre lors de l'épreuve, d'avoir fait bénéficier Crémer d'un routage (conseils sur les choix de trajectoire), ce qui est strictement interdit par le règlement de cette course autour du monde à la voile en monocoque en solitaire.
Un jury international a été constitué pour instruire l'affaire. L'infraction peut avoir de lourdes conséquences: en 2023, deux skippers de la Solitaire du Figaro avaient été sanctionnés pour avoir illégalement téléchargé des fichiers météo en course: Benoît Tuduri avait été exclu de la course, et Pierre Daniello disqualifié de deux étapes.
«Nous n’avons jamais triché», se défendent jeudi Crémer et Le Turquais sur leurs réseaux sociaux, «ni jamais eu une quelconque volonté d’enfreindre une règle au fil de ce tour du monde de 87 jours». «Nous sommes outrés de l’écho que peuvent avoir des dénonciations anonymes (...) qui nous portent déjà préjudices», ajoutent les marins.
«Intimité d'un couple»
«Durant nos échanges qui relèvent essentiellement de l'intimité d’un couple, Tanguy ne me donne jamais la moindre information que je n'ai déjà», assure Crémer qui, sur le voilier «Banque Populaire», avait terminé douzième d'une course remportée par Yannick Bestaven (Maître CoQ).
«Aucune conversation avec (Tanguy Le Turquais) n'a contribué à ce que je change de trajectoire ou que je fasse un choix stratégique qui aurait eu un impact sur ma course. J'ai toujours fait tous mes choix de performance seule et sans assistance, conformément aux règles», insiste Crémer.
L'accusation se fonde sur des captures d'écran de conversations WhatsApp pendant la course. «Ces échanges, précise le couple, ont eu lieu sur le téléphone de bord de Clarisse, propriété de son ancienne équipe, qu’elle a laissé accessible à tous dès son arrivée à terre, conformément aux règles».
«Trois ans après la fin du Vendée Globe, on ne peut que s'interroger sur les motivations et le timing de cette divulgation anonyme et nous nous réservons le droit de porter plainte le cas échéant», poursuivent-ils.
Les deux skippers sont actuellement candidats au départ pour le prochain Vendée Globe, qui s'élancera en novembre des Sables d'Olonne.
Quatre éliminés
Quarante-quatre bateaux sont pré-inscrits, mais seuls 40 seront admis au départ. Quatre seront donc éliminés, sur la base de leurs performances.
Clarisse Crémer, qui n'est pour l'instant pas dans les quarante qualifiés, pouvait toutefois espérer bénéficier d'une invitation des organisateurs.
Elle avait fait l'actualité début 2023, lorsque son sponsor de l'époque «Banque Populaire» l'avait écartée du projet Vendée Globe, estimant qu'elle ne pourrait pas naviguer suffisamment pour satisfaire aux conditions de qualifications, en raison de la naissance de sa petite fille en novembre 2022.
Crémer avait accusé Banque Populaire de la «laisser à quai», et son histoire avait provoqué un vif embarras dans le monde de la voile, soucieux de promouvoir l'égalité entre hommes et femmes. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera était même intervenue pour dire que l'affaire lui «tenait à coeur».
Devant l'ampleur de la polémique, Banque Populaire, sponsor historique de la voile, avait choisi de ne pas nommer un autre skipper, et avait même vendu le bateau.
La navigatrice de 34 ans a finalement rejoint l'équipe du Britannique Alex Thomson, et espère être au départ de la prochaine édition de «l'Everest des mers» en novembre sous les couleurs de son nouveau sponsor l'Occitane en Provence.