Dopage Opération "Aderlass": les accusés risquent dix ans de prison

ATS

15.9.2020

Le médecin allemand Mark Schmidt, soupçonné d'être la tête pensante d'un vaste réseau de dopage sanguin international démantelé en février 2019, dans le cadre de l'opération «Aderlass», est jugé à partir de mercredi à Munich avec quatre de ses complices.

Le médecin allemand Mark Schmidt est jugé à partir de mercredi à Munich.
Le médecin allemand Mark Schmidt est jugé à partir de mercredi à Munich.
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Les prévenus risquent, selon le droit allemand, entre un et dix ans de prison.

«Nous ne sommes pas ici en présence d'un athlète qui se dope dans son coin, mais d'une entreprise de dopage (...) dont le but est de gagner de l'argent», insiste l'avocat Michael Lehner, «dans un procès pour trafic de drogue, personne ne s'étonnerait de risquer de telles peines. Je ne vois pas de différence».

Le Dr Schmidt, 42 ans, est en détention préventive depuis 16 mois. Selon l'acte d'accusation, il a aidé des athlètes à se doper «au moins depuis fin 2011», dans «un nombre de cas encore inconnu». Une trentaine de témoins doivent déposer et le jugement est attendu avant Noël.

Les experts du dopage s'interrogent sur les révélations qui pourraient sortir de ce procès. Des athlètes célèbres peuvent-ils d'un seul coup être impliqués ? La liste des événements touchés est en tous cas impressionnante: selon la justice, Mark Schmidt a dopé des sportifs lors des Jeux olympiques d'hiver 2014 et 2018, d'été 2016, mais également sur le Tour de France 2018, le Giro 2016 et 2018 et la Vuelta 2017, sans parler des Mondiaux de ski nordique 2017 et 2019.

Laboratoire clandestin

Pour l'heure, 23 athlètes de huit nations ont été identifiés, des coureurs cyclistes et des athlètes de sports d'hiver.

Plusieurs sportifs et un entraîneur autrichiens ont déjà été condamnés à des peines de prison avec sursis par la justice de leur pays, dont Johannes Dürr (15 mois avec sursis), le skieur de fond dont les révélations avaient permis aux polices autrichienne et allemande de lancer l'opération «Aderlass» (saignée en allemand).

Un certain nombre de coureurs cyclistes et de fondeurs ont également été sanctionnés par les autorités sportives.

L'affaire a éclaté publiquement le 27 février 2019, lorsque la police autrichienne a procédé à une spectaculaire descente sur le site des Championnats du monde de ski nordique, dans le Tyrol autrichien. Cinq athlètes ont été arrêtés sur le champ. Simultanément, Mark Schmidt, chef d'orchestre du réseau à la tête d'un laboratoire clandestin, a été interpellé par la police allemande à Erfurt (centre).

«L'instruction a déjà montré qu'il s'agissait d'une entreprise de dopage mondiale, organisée et mise en place pendant des années par le principal accusé», note le patron de l'agence allemande antidopage (NADA) Lars Mortsiefer.

La piste slovène

«Il doit sortir de ce procès plus que ce que nous savons déjà», veut croire Michael Lehner, qui fut l'avocat de Johannes Dürr, dans une interview à l'agence sportive SID: «J'espère une déclaration de (Mark Schmidt) qui nous apprendrait beaucoup de choses. Il y a probablement beaucoup plus de sportifs impliqués».

Le procureur Kai Gräber, qui a procédé aux investigations et à la saisie de dizaines de poches de sang, a toutefois tempéré les espoirs de confessions sensationnelles au procès: «Je ne crois pas que des informations susceptibles d'ébranler le sport cycliste vont sortir. Les faits sont déjà très largement connus», tempère-t-il.

En plein Tour de France, dominé par les Slovènes Primoz Roglic et Tadej Pogacar, des révélations sur le cyclisme donneraient évidemment au procès une publicité exceptionnelle.

L'un des fils de l'affaire conduit en effet en Slovénie, où plusieurs coureurs ont été suspendus en 2019 à cause de leur implication dans le réseau de dopage, et où Milan Erzen, un personnage central du cyclisme slovène, est soupçonné d'avoir fait affaire avec Mark Schmidt.

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