Une dix-huitième saison comme professionnel! Michael Schär (36 ans) est un dinosaure du peloton. Mais dans la tête, il reste un néo-pro, se réjouit-il alors qu'il dispute son sixième Tour de Romandie. Membre de l'échappée du jour mercredi, le Lucernois a d'ailleurs montré qu'il en voulait encore.
Il est loin le temps où le jeune coureur alémanique signait son premier contrat pro avec l'équipe Phonak en 2006. Son parcours le mènera ensuite chez Astana, BMC (9 ans!), CCC et finalement chez les Français de AG2R. Le cyclisme a bien changé en dix-sept ans. «J'y ai connu les deux côtés. L'ancien cyclisme que je qualifierais de plus tranquille, plus léger où l'on pouvait mieux profiter de la vie», souligne le Lucernois.
Du haut de son mètre 98, Schär a vu arriver les changements à l'aube des années 2010. Le cyclisme est devenu bien plus scientifique avec des entraînements toujours plus spécifiques, de sérieux efforts portés sur la nutrition et un matériel toujours plus pointu. «Je me suis aussi senti à l'aise dans cette nouvelle approche. Cela tient sans doute du fait que je suis un athlète qui veut toujours s'améliorer. Ma philosophie correspond au nouveau cyclisme.»
Décision pas encore prise
La saison 2023 sera-t-elle la dernière pour le Lucernois? «Je n'ai encore rien décidé. Je prendrai ma décision pendant le Tour de Suisse où il y a une étape à Nottwil, chez moi.»
Il arrive au terme de son contrat de trois ans avec AG2R. A 36 ans, il se sent comme un néo-pro, dit-il. «Je suis très agréablement surpris par mes valeurs physiques. La forme est toujours là. Pourtant, chaque athlète a ses facteurs limitants. Chez moi, ce n'est pas le physique ou les conséquences d'une chute. C'est plutôt mental. Pourquoi prendre tous ces risques inutiles?»
Marié et père de deux enfants, le rouleur de haute taille n'aborde plus les courses avec le même détachement. «A 21-22 ans, tu ne te soucies de rien, mais aujourd'hui quand tu rentres des courses, tu dois aider ta femme le lundi après-midi!»
Deux victoires
Son avenir sportif, s'il y en a un, ne passera pas forcément par les couleurs de l'équipe AG2R. «Je tire mon chapeau à Vincent Lavenu, qui a réussi à maintenir une équipe en vie depuis plus de vingt ans. Je n'ai pas encore discuté avec lui puisque je ne sais pas moi-même ce que je vais faire l'année prochaine. Mais il y a d'autres équipes dans le cyclisme.»
Michael Schär est affublé d'une réputation de super-équipier. D'ailleurs, son palmarès ne compte que deux succès individuels avec un titre de champion de Suisse en 2013 et une victoire d'étape au Tour de l'Utah. Il convient aussi de rappeler qu'il compte de nombreuses victoires lors de contre-la-montre par équipes.
«J'ai très vite réalisé que je ne gagnerais pas de grandes courses. J'ai alors choisi d'être équipier.» Il a alors «servi» des grands noms comme Cadel Evans, Lance Armstrong, Andreas Klöden, Philippe Gilbert, Thor Hushovd, Alessandro Ballan ou dernièrement Greg van Avermaet. «Je suis content d'avoir gardé de bonnes relations avec certains.»
La question qui taraude désormais Schär est de savoir s'il va disputer un douzième Tour de France: «Je figure dans la présélection pour le Tour, mais rien n'est encore confirmé. Mais je suis partant à 100%. Je ne disputerai pas le Giro, et pendant la Vuelta, je suis censé m'aligner dans les courses au Québec.»