Depuis quelques années, Milan-Sanremo récompense davantage les attaquants que les sprinters. Samedi encore l'un d'eux, Wout Van Aert, sera favori du premier des cinq Monuments du calendrier cycliste sachant que le Belge, de toute façon, sait tout faire.
Au moment où le printemps toque à la porte, les Monuments sortent de terre et il revient à «la Primavera» d'ouvrir la période la plus palpitante de la saison. Et comme chaque année, le réveil se fait en douceur: la plus longue course du calendrier va d'abord s'étirer sur 294 km à travers la plaine de Pô pour une procession propice à la sieste. Avant le sursaut dans l'électrique final sur la Riviera où tout se joue sur un coup de dé.
La nouveauté cette année sera le départ, donné non plus à Milan mais à Abbiategrasso, à 22 km au sud-ouest de la métropole lombarde. Pour le reste, on sera sur du classique avec les deux derniers balcons du parcours, la Cipressa et surtout le Poggio, placé à 5,5 bornes de l'arrivée, en guise de juge de paix d'une course longtemps réservée aux sprinters. Mais ça, c'était avant.
Il faut remonter à 2016 et la victoire du Français Arnaud Démare pour trouver la trace d'une arrivée massive sur la Via Roma. Depuis, «la Classicissima» ne s'est donnée qu'à des hommes forts, partis seuls ou en petit comité dans le final: des puncheurs de la trempe de Julian Alaphilippe, vainqueur en 2019, ou Wout Van Aert, son successeur, qui ont fait le vide dans le Poggio avant de lever les bras à Sanremo.
«Facile à terminer, difficile à gagner»
«Cette course est de plus en plus dure. Dans le Poggio, c'est devenu très compliqué. Mais je pense que c'est encore possible pour des profils comme le mien de s'imposer», veut croire Arnaud Démare qui tentera une nouvelle fois sa chance samedi avec plusieurs autres grosses cuisses comme Jasper Philipsen, Arnaud De Lie, Caleb Ewan, Mads Pedersen, Fabio Jakobsen ou Biniam Girmay.
Mais le scénario privilégié reste un nouveau coup d'éclat de loin, dans le Poggio, voire dans la Cipressa où Tadej Pogacar, dont le goût pour les longs raids se vérifie course après course, sera surveillé comme le lait sur le feu.
«J'ai imaginé plusieurs scénarios dans ma tête. Milan-Sanremo est aussi magnifique qu'imprévisible. Impossible de désigner un favori. C'est une course facile à terminer mais difficile à gagner. Il y a tellement de possibilités», souligne le Slovène qui connaît très bien le coin, pour habiter à Monaco, et sort d'un Paris-Nice où il s'est montré impérial.
Sur tous les terrains
Pour beaucoup de coureurs, une fois rappelé les précautions d'usage, le favori numéro un n'est cependant pas Pogacar, mais Wout Van Aert qui a tellement impressionné Julian Alaphilippe sur Tirreno – Adriatico la semaine dernière que le Français l'a bombardé «favori pour toutes les courses à venir».
De fait, le Belge coche beaucoup de cases pour s'imposer à Sanremo, capable de faire la différence dans le Poggio mais aussi de s'imposer dans un sprint collectif.
Ses principaux adversaires, outre Pogacar, seront, comme souvent, son grand rival néerlandais Mathieu van der Poel, qui semble monter en pression, Alaphilippe et le vainqueur de l'an dernier Matej Mohoric.
Côté suisse, ils seront sept au départ avec Stefan Bissegger (EF Education), Michael Schär (AG2R), Alexandre Balmer (Jayco), Johan Jacobs (Movistar), Silvan Dillier (Alpecin), Tom Bohli et Roland Thalmann (tous Tudor).