CIO Sebastian Coe élu vendredi malgré le conflit d'intérêts?

ATS

16.7.2020

Le président de World Athletics, l'Anglais Sebastian Coe, freiné en raison des risques de conflit d'intérêts, doit être élu membre du Comité international olympique (CIO) vendredi lors de la 136e session qui aura lieu à huis clos. Ceci après avoir fourni des garanties.

Sebastian Coe doit être élu membre du Comité international olympique (CIO) vendredi.
Sebastian Coe doit être élu membre du Comité international olympique (CIO) vendredi.
Keystone

Parmi les trois sports les plus populaires des Jeux olympiques (avec la gymnastique et la natation), l'athlétisme se doit naturellement d'être représenté parmi les cardinaux olympiques. Avant lui, ses prédécesseurs l'Italien Primo Nebiolo et le Sénégalais Lamine Diack, récemment jugé à Paris pour corruption, ont entre autres siégé au CIO.

Mais pour Coe, 63 ans, le chemin a été long. Malgré ses deux titres olympiques sur 1500 m (1980 et 1984) et ses efforts depuis 2015 pour redresser l'IAAF (ancien nom de World Athletics) en pleine crise de corruption, l'ancien député conservateur a dû patienter.

Alors que d'autres présidents de fédérations l'ont devancé, dont le patron de la FIFA Gianni Infantino, le président du CIO Thomas Bach avait indiqué que la candidature du Britannique n'avait pas été retenue en raison des risques de «conflit d'intérêts» mais que «la porte rest(ait) ouverte».

Sebastian Coe préside en effet une société de conseil, CSM, dont les activités dans le mouvement olympique pourraient créer un sérieux conflit d'intérêts. CSM gère les intérêts de centaines de sportifs actifs ou retraités comme l'ex-athlète jamaïcain Yohan Blake, le tennisman français Benoît Paire ou encore la légende des All Blacks Dan Carter.

Position «passive»

«Ce qui a changé c'est que M. Coe s'est engagé à modifier son statut au sein de la compagnie dans laquelle il occupe le poste de directeur général, vers une position passive et à ce que la documentation nécessaire soit fournie à la commission d'éthique d'ici au 1er juillet», avait indiqué début juin M. Bach, pour expliquer pourquoi son «ami Seb» était désormais éligible.

La Commission d'éthique du CIO a confirmé jeudi que «toutes les conditions avaient été remplies par Lord Coe au 1er juillet 2020, en particulier qu'il avait démissionné de sa position exécutive au sein de CSM pour ne plus agir que comme conseiller».

Coe, dont l'entrée au CIO ne fait pas l'unanimité au sein même de l'instance, est désormais présenté sur le site de CSM comme «président non exécutif» de la société. Pourtant, il se montre particulièrement actif sur les réseaux sociaux pour faire notamment la promotion d'un nouveau podcast lancé par lui-même pour CSM en début de mois et intitulé «Extraordinary Tales in Extraordinary Times». Pour le deuxième épisode, l'invitée était la meilleure athlète britannique, Dina Asher-Smith.

Princesse Anne

Par ailleurs, la Commission d'éthique du CIO a levé les interrogations pointant un éventuel conflit d'intérêts concernant la renégociation d'un contrat de World Athletics avec la société Dentsu, spécialisée dans le marketing sportif.

Ces contrôles concernent les personnes proposées pour devenir membres du CIO qui «font l'objet d'un «screening» par la Commission d'élection des membres, présidée par la princesse Anne d'Angleterre» elle-même membre de l'instance, selon l'universitaire lausannois Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l'instance. Cette commission «propose des noms potentiels à la Commission exécutive du CIO qui à son tour les propose à la session qui les coopte», ajoute M. Chappelet.

Trois femmes doivent aussi être élues vendredi: la Princesse Reema Bandar Al-Saud d'Arabie saoudite, la Cubaine Maria de la Caridad Colon Ruenes, championne olympique du javelot en 1980 et la Croate Kolinda Grabar-Kitarovic, présidente de la République de Croatie de 2015 à 2020.

Autre futur membre, le Mongol Battushig Batbold, 33 ans, héritier d'une famille qui s'est enrichie à la faveur des privatisations consécutives à la fin de l'ère soviétique, tout en cultivant la proximité avec le pouvoir politique. Son père, Batbold Sukhbaatar, est un ancien Premier ministre et Battushig est vice-président de l'organisation de jeunesse du parti au pouvoir, le Parti du peuple mongol, vainqueur des élections législatives le mois dernier.

Vice-président du Comité national olympique, Battushig est «jeune, passionné de sport et instruit et tous les Mongols qui aiment le sport bénéficieront de sa participation au CIO», dit de lui Otgonbaatar Chultem, de l'Union des journalistes sportifs de Mongolie, tout en reconnaissant que le jeune homme doit sa carrière dans le monde du sport à la fortune de sa famille.

Cette première session virtuelle du CIO de l'histoire, largement consacrée au report des JO de Tokyo 2020, verra aussi l'élection de deux nouveaux vice-présidents du CIO pour remplacer notamment Juan Antonio Samaranch Junior, en fin de mandat.

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