L'équipe brésilienne de goalball descend de son bus en chantant, mais bientôt, les médaillés de bronze des Jeux paralympiques de 2016 observeront un silence complet pour leur match de poule face aux Etats-Unis de ce sport basé sur l'ouïe.
Les Brésiliens sont bien décidés à frapper fort lors des Jeux paralympiques de Tokyo, et débarquent dans les vestiaires du Makuhari Messe, près de la capitale, au son d'une joyeuse cacophonie, tandis que leurs adversaires crient «un, deux, trois, allez les USA!».
L'atmosphère change instantanément quand l'arbitre lance un «silence s'il vous plaît, jouez!», qui donne le coup d'envoi du match de cette discipline atypique conçue pour les sportifs malvoyants ou non-voyants, l'une des rares à ne pas avoir d'équivalent aux Jeux olympiques.
Deux équipes de trois joueurs, aux yeux bandés afin d'être sur un pied d'égalité, s'affrontent en tentant de se marquer des buts en lançant au ras du sol un ballon en caoutchouc rempli de grelots, tandis que l'adversaire se guide à l'oreille et à l'instinct pour tenter de défendre ses cages.
«Les Brésiliens sont connus pour leur joie de vivre», dit Leomon Moreno, la star de leur équipe. «Mais quand on entre sur le terrain, on est complètement concentrés. En portugais, on dit qu'on 'tourne la clé'».
Après maints retournements, le match de jeudi face aux Etats-Unis, vice-champions olympiques à Rio en 2016, s'est terminé sur une défaite 8-6 des Brésiliens, pourtant favoris avant la compétition.
A l'écoute du moindre indice
«Ce sport est un grand huit émotionnel», raconte à l'afp l'Américain Calahan Young, auteur de quatre buts. «Chaque action peut être une catastrophe complète ou un succès total», décrit-il. «C'est un sport plein d'émotions.»
Le goalball a été inventé en 1946 comme une forme de rééducation pour les vétérans de la Seconde Guerre mondiale atteints de déficience visuelle. Il se joue sur une aire de la taille d'un terrain de volleyball avec un ballon de 1,25 kg légèrement plus gros – et deux fois plus lourd – qu'un ballon de basket.
Certains joueurs comptent sur la force pure pour marquer des buts, tandis que d'autres donnent de l'effet à la balle ou jouent sur les rebonds pour tromper la vigilance de leurs adversaires.
La défense est à l'écoute du moindre indice auditif: le bruit du ballon bien sûr, mais aussi celui des pas de l'adversaire, le couinement d'une semelle sur le parquet, le froissement d'un vêtement ou même le souffle d'une respiration.
Le goalball est pratiqué dans plus de 100 pays, selon la Fédération internationale des sports pour personnes aveugles qui le régit, et présent aux Jeux paralympiques depuis 1976.
Pas décontenancé par sa défaite de jeudi, le Brésil gardait bon espoir d'assurer sa place en quarts de finale, auxquels accèderont huit des dix équipes en lice.
«On va apprendre de nos erreurs», déclare Leomon Moreno, «on peut encore rêver de la médaille d'or», ajoutant: «un champion se construit autant dans la défaite que dans la victoire.»