«Amèrement déçu» d'avoir manqué pour si peu le titre mondial du contre-la-montre dimanche, Stefan Küng ne se lamente pas sur son sort.
Le Thurgovien a le regard déjà tourné vers 2024, mais il se veut surtout ambitieux pour la course en ligne de dimanche prochain à Wollongong en Australie.
Stefan Küng a échoué à 2''95 de la médaille d'or dans sa discipline de prédilection. C'est justement parce qu'il connaissait son excellent état de forme, qu'il s'était entièrement focalisé sur cette course et qu'il se savait capable de vaincre les autres favoris que sa frustration était si grande à chaud.
«Pas encore», s'est-il dit après avoir constaté les dégâts. Il avait pourtant battu tous les coureurs qui figuraient sur sa liste de favoris. «Mais ensuite, il y a un adversaire (réd: le Norvégien Tobias Foss) que tu n'avais pas prévu. C'est ce qui rend les choses si frustrantes».
«Le chronomètre ne ment pas»
Le Thurgovien est toutefois très vite arrivé à la conclusion qu'il n'avait «rien» à se reprocher: «J'ai tout donné». C'est ce que lui ont montré ses valeurs de performance, qu'il a immédiatement consultées après le contre-la-montre de 34,2 km.
De plus, il ne s'est en aucun cas effondré. Il constate simplement que «d'autres coureurs étaient un peu plus forts dans le final». Il admet toutefois avoir été surpris «de voir combien j'avais perdu entre le dernier temps intermédiaire et l'arrivée. Mais le chronomètre ne ment pas. Le plus rapide a gagné».
Même si la déception primait dimanche («je n'ai pas gagné l'argent, mais perdu l'or»), Stefan Küng s'est promis de ne retirer que les «choses positives». L'une d'entre elles est de savoir «qu'à long terme, je vais encore m'améliorer. Bien que je ne sois plus tout jeune, je continue de progresser chaque année».
C'est pourquoi il ne renoncera pas «tant que je n'ai pas vraiment réussi». Il ne voit d'ailleurs aucune raison d'investir moins de temps à l'avenir dans ses capacités de coureur contre la montre. «J'ai finalement disputé l'un des meilleurs – si ce n'est le meilleur – contre-la-montre de ma carrière. Il ne m'a manqué que trois secondes pour remporter le titre».
Se diversifier en tant que coureur
A son passage chez les professionnels, Stefan Küng avait surtout été classé dans la catégorie des spécialistes du contre-la-montre. De ce fait, il s'est vu très vite comparé avec Fabian Cancellara, ce qui n'a forcément pas facilité son développement.
Mais, comme le champion olympique et du monde bernois du contre-la-montre, Stefan Küng est lui aussi plus qu'un «simple» spécialiste de l'effort. En tant que coureur, il s'est fortement «diversifié», comme le prouvent sa 3e place à Paris-Roubaix et son 5e rang au Tour des Flandres ce printemps.
Et si le coronavirus ne l'avait pas «rattrapé» à la fin du Tour de Suisse, le Thurgovien aurait parfaitement pu devenir le premier Helvète à remporter la Boucle nationale depuis 2009, année où un certain Fabian Cancellara avait triomphé.
Stefan Küng n'appartient certes pas à la catégorie des coureurs d'exception comme Tadej Pogacar, Wout van Aert, Mathieu van der Poel ou encore Remco Evenepoel. Mais dans les petits tours, sa polyvalence et sa constance en font un candidat crédible à la victoire, à tout moment.
Une médaille dimanche?
Mais il faudra surtout également compter avec Stefan Küng dimanche prochain, lors de la course en ligne des championnats du monde sur route. Certes, on n'a pas encore discuté stratégie entre les six coureurs et l'entraîneur national Michael Albasini.
Le troisième de l'épreuve en ligne des championnats du monde 2019 n'hésite néanmoins pas à afficher ses ambitions: «Je suis vraiment en forme. Ma préparation aux championnats du monde n'était pas uniquement axée sur le contre-la-montre. J'ai aussi la distance (réd: 267 km) dans les jambes».
Stefan Küng se projette même déjà bien plus loin. «Si je continue à travailler comme ça et à mettre les gaz, ça finira par marcher», assure-t-il, avant d'évoquer 2024 sans qu'on le lui demande: «Si tout peut fonctionner pour moi lors des Mondiaux à domicile à Zurich et des JO de Paris, j'accepte volontiers de terminer 2e ou 3e aux Mondiaux comme aux championnats d'Europe en 2023!»
voe, ats