Il était le grand favori et il a assumé le statut avec une facilité déconcertante: Tadej Pogacar a remporté samedi son deuxième Tour de Lombardie de suite. Un Monument qui lui va comme un gant et avec lequel il pourrait bien avoir signé un long bail.
La «classique des feuilles mortes» est-elle en train de devenir pour Pogacar ce que Roland-Garros est à Rafael Nadal ? Ce n'est pas impossible, tellement le champion slovène avale la concurrence sur les routes lombardes où il est devenu samedi le premier coureur de l'histoire à l'emporter deux fois lors de ses deux premières participations.
Avec son profil très accidenté, le cinquième et dernier Monument du calendrier sied à merveille à ses qualités de grimpeur. Et quand il s'agit de régler un autre montagnard sur la ligne, comme l'Espagnol Enric Mas, deuxième samedi, on peut encore compter sur «Pogi», redoutable aussi au sprint.
Lorsqu'il a démarré dans le Civiglio, à vingt kilomètres du but après un énorme travail de son équipe UAE, la messe était déjà quasiment dite. Seul Mas a réussi à le suivre et un autre Espagnol, Mikel Landa, a réussi à s'accrocher à peu près pour finir troisième.
Offensif et joueur, Pogacar a alors attendu son heure, se sachant le plus fort des deux au sprint. Il a coupé la ligne en tirant la langue et en pointant ses deux index en l'air, avant d'ingurgiter une eau gazeuse locale, au bout de 253 kilomètres et plus de six heures de course sous un soleil éclatant entre Bergame et Côme.
«Répéter le succès, c'est fantastique. Tout s'est passé comme je l'avais imaginé. Je voulais attaquer dans le Civiglio. Mas a été au même niveau dans les ascensions donc on a collaboré jusqu'à l'arrivée. Je savais que j'aurais de bonnes jambes aujourd'hui», a savouré le Slovène.
«Le meilleur coureur du monde»
Derrière, les poursuivants ont rapidement abdiqué, dont Alejandro Valverde, beau sixième pour la dernière course de sa carrière à l'âge de 42 ans, ou encore le Français Rudy Mollard, huitième juste devant son compatriote Romain Bardet. Les Suisses ont été plus que discrets. Marc Hirschi a beaucoup travaillé pour Pogacar et a terminé à plus de 15'.
Parmi les battus du jour, on retrouve Vincenzo Nibali (24e), qui avait lui aussi choisi la classique lombarde pour donner ses derniers coups de pédale dans un peloton professionnel, et Julian Alaphilippe (51e) qui ont tous deux explosé dès le pied du Civiglio.
Jonas Vingegaard, qui retrouvait Pogacar pour la première fois depuis qu'il l'a détrôné sur les routes du Tour de France, n'a cette fois pas fait le pli: seulement 16e, il ne réussira pas à faire taire ceux, nombreux, qui estiment qu'il a en fait battu en juillet le coureur le plus fort du peloton.
Le Danois semblait lui-même en convenir en déclarant, au départ de la course samedi, que «l'homme à battre» était Pogacar, «car c'est le meilleur coureur du monde».