Le record de Suisse de la hauteur de Roland Dalhäuser (2m31) a tenu près de 30 ans. Mais son nouveau détenteur Loïc Gasch entend bien le porter rapidement à des hauteurs plus élevées que les 2m33 réalisés le 8 mai à Lausanne. "J'ai besoin de me fixer sans cesse de nouveaux objectifs", explique le Vaudois.
"Je fonctionne aux objectifs. Dès que j'ai passé 2m33, je me suis dit que j'étais en route pour 2m35. Pas pour 2m34, car ça ne m'intéresse pas d'y aller centimètres par centimètre", souligne le Vaudois, qui s'est confié il y a quelques jours lors d'une vidéoconférence organisée par Swiss Athletics.
"J'ai besoin d'objectifs pour m'entraîner au mieux, sinon je n'avance plus. Ca passera par 2m35 ou 2m36. Je vise 2m35 dans ma tête. Je me lève le matin en pensant à cette hauteur, en sachant que c'est ce que je veux réaliser. Je me le répète la moitié de la journée", souligne-t-il.
Loïc Gasch vise plus haut, et a confiance en ses moyens. "Ces 2m33 ne sont pas sortis de nulle part. Je battais tous mes records à l'entrainement, et je m'attendais à améliorer le record national. Mais je ne pensais pas y parvenir aussi vite, car je n'étais normalement pas suffisamment affûté pour cela", glisse-t-il.
"Grosse remise en question"
"Cela montre qu'on a bien travaillé et qu'on a fait les choses justes, malgré mon changement de structure d'entraînement de l'an passé", se réjouit le sauteur de Ste-Croix, qui travaille avec Soidri Bastoini, responsable du saut en... longueur à Swiss Athletics, Dominique Hernandez (coach de hauteur) ainsi que l'ex-basketteur Steeve Louissaint (préparation physique).
"Il y a eu une grosse remise en question l'an dernier. Et si j'ai pu mettre ma nouvelle structure en place, c'est aussi grâce au report des grands championnats", précise Loïc Gasch. "Je rejoins désormais plusieurs groupes dont l'entraîneur est un spécialiste. Cela n'enlève rien au travail que j'ai effectué avant, mais je peux mieux exploiter mon potentiel comme cela", juge-t-il.
Préparer au mieux Tokyo
Loïc Gasch tient la grande forme. Mais pas question toutefois de se brûler les ailes. "Ces 2m33 m'ont ouvert beaucoup de portes", notamment celles du meeting Ligue de diamant prévu jeudi à Florence. "Mais on a pris le pari de ne pas toutes les ouvrir. On les ouvre de manière intelligente", explique-t-il.
"Je ne suis pas du genre à sauter chaque semaine pendant deux mois. Physiquement, je ne tiendrais pas", lâche le Vaudois de 26 ans, dont la carrière a été souvent freinée par les blessures - et par le covid l'automne dernier. "L'objectif est de se préparer au mieux pour les JO de Tokyo", dont les portes se sont ouvertes grâce à ces 2m33.
Pas question non plus de trop en faire à l'entraînement. "Mon record à l'entraînement est de 2m20. Quand je passe cette barre, je sais que je vais être bon. Ca n'est pas 2m30 ou 2m33. Mais ça me permet surtout d'enchaîner les sauts de manière plus intensive. Ca serait plus risqué si je passais 2m33 à l'entraînement", explique-t-il.
Un autre statut
Loïc Gasch a changé de statut grâce aux 2m33 réalisés le mois dernier. "L'objectif n'est plus le même. Ce n'est plus une course aux minima olympiques, mais une course à la prise d'expérience. C'est très bien de faire des concours en Suisse, mais je veux maintenant aller chercher une grosse concurrence", lâche-t-il.
"J'ai Tokyo en ligne de mire. Je veux que mes rivaux ne me fassent plus peur, afin que les Jeux deviennent un concours normal. Je dois y être à l'aise avec la concurrence, souligne-t-il. Tokyo doit être exceptionnel grâce à mes performances, pas parce que j'ai des stars autour de moi."
"J'ai besoin de ces expériences au plus haut niveau. Il y a une grande différence entre celui qui veut juste se qualifier et celui qui veut performer. Je ne veux pas aller à Tokyo pour passer un bon moment, mais pour assumer le rang qu'on voudra atteindre. Mais sans me mettre trop de pression non plus", conclut Loïc Gasch.