A six jours du dénouement parisien, le Tour de France s'habitue au slovène, la langue des deux premiers du classement, Primoz Roglic et Tadej Pogacar, qui ont survolé la course jusqu'à présent.
Bien plus que les écarts modérés sur le 3e au classement général, le Colombien Rigoberto Uran (à 1'34'' du leader), sensiblement identiques au Tour de l'an passé à la même période, la domination de Roglic, maillot jaune à la tête d'un impitoyable bloc Jumbo, et de Pogacar s'exerce à chaque temps fort. Mais il reste plusieurs inconnues à lever avant l'attaque des Alpes, dès mardi dans l'étape du Vercors.
L'interrogation sanitaire
La dernière vague de tests de détection du Covid-19 a eu lieu lors de la seconde journée de repos, lundi, à Grenoble et ses alentours. Avec, comme lors de la première journée de repos en Charente-Maritime, une montée de stress pour toutes les équipes, susceptibles d'être renvoyées si elles présentent deux cas positifs dans leur effectif d'une trentaine de personnes.
Aucun coureur n'a été exclu lors des opérations précédentes. Mais la présence de spectateurs en nombre lors des étapes de la deuxième semaine, à l'exclusion des endroits interdits au public (les cols de dimanche notamment), l'augmentation générale du nombre de cas dans le pays, aggravent encore la tension. Nul n'est à l'abri d'un renvoi qui serait une grande première dans l'histoire du Tour, dont le directeur Christian Prudhomme a dû lui-même se retirer mardi dernier pour une durée minimale de sept jours.
Impassible, Roglic semble imperméable à la menace. Depuis sa prise de pouvoir à la sortie des Pyrénées, le Slovène propose le même discours fait de distance, d'égalité d'humeur et de prudence. Rien ne semble l'émouvoir, pas même une question sur la suspicion qui entoure le cyclisme de son pays depuis l'affaire Aderlass et qui se nourrit de l'absence de contrôles antidopage sur une longue période, cette année, à cause de la pandémie. «Je n'ai rien à cacher», a-t-il affirmé d'un ton calme, dimanche soir, après une nouvelle démonstation collective de sa formation.
L'inconnue Pogacar
Révélation du Tour 2020, Pogacar s'est imposé depuis le début comme le rival numéro un de Roglic. Son équipe UAE Emirates, affaiblie par deux abandons (Aru et Formolo), est loin de pouvoir rivaliser avec la toute-puissante Jumbo. Mais, la stratégie de la formation néerlandaise a eu pour effet d'isoler Roglic au classement et, dans la lutte d'homme à homme, Pogacar tient le choc.
Pour unique expérience de grand tour, le jeune Slovène n'a que la Vuelta qu'il avait terminée en trombe l'an passé pour accéder au podium final (3e). Dans le Tour, il n'a aucun point de repère sur la troisième semaine. Doit-il jouer la montre, attendre le final des étapes de montagne, l'effrayant col de la Loze surtout (mercredi), voire le contre-la-montre programmé à La Planche des Belles Filles (samedi) ?
«Je pense que je devrais être sur la réserve et voir ce que j'ai dans les jambes», a-t-il répondu prudemment à ce sujet. Sans avoir besoin de rappeler qu'il était prêt à sauter sur les premiers signes de fléchissement de son aîné, moins percutant qu'attendu dimanche au sommet du Grand Colombier mais toujours nanti d'un matelas de 40 secondes. Soit l'essentiel du reliquat de l'étape de Lavaur, où Pogacar avait été retardé par une bordure.
A son actif, le plus jeune des Slovènes peut se targuer d'un succès sur son aîné, fin juin, dans le contre-la-montre des championnats de Slovénie. «Le parcours (de La Planche des Belles Filles) me plaît», a-t-il glissé à propos du rendez-vous de samedi, vingt-quatre heures avant l'arrivée à Paris. Le Tour pourrait se jouer dans les Vosges, sur les terres de Thibaut Pinot, bien malheureux cette année à l'exemple du cyclisme français dont les espoirs ont été fracassés par les chutes.